Citoyenneté partagée entre chrétiens et musulmans pour Al Azhar – Radio Vaticana

 

(RV) C’est une déclaration importante dans le dialogue interreligieux entre musulmans et chrétiens : celle prononcée par Ahmed Al Tayeb, le grand imam de l’université d’Al Azhar au Caire, la principale autorité de l’islam sunnite dans le monde. Elle revient sur la notion de citoyenneté partagée entre l’islam et le christianisme. Ce texte a été lu à la fin d’une conférence organisée par Al Azhar du 28 février au 1er mars dernier et qui avait pour thème : « Liberté et citoyenneté, diversité et complémentarité ». De nombreux chrétiens comme le patriarche copte Tawadros II ou encore celui des maronites Béchara Raï ont participé à cette rencontre. Les précisions d’Olivier Bonnel

La citoyenneté est au cœur de l’histoire originelle de l’islam, a d’abord rappelé l’imam Al Tayeb. Il s’agit même selon lui d’une restauration de la première pratique islamique du régime politique exercé par le Prophète dans la première communauté musulmane qu’il a fondée à Médine. Cette pratique ne comportait aucune trace de discrimination ni d’exclusion de n’importe quel groupe de la société à cette époque. La constitution de Médine expliquait d’ailleurs que les différents groupes religieux ou ethniques constituaient « une seule nation à l’exclusion des autres hommes » et que les non-musulmans ont les mêmes droits et les mêmes devoirs que les musulmans.

Les sociétés arabes et islamiques possèdent un patrimoine enraciné dans la pratique du vivre ensemble dans la même société, fondée sur la diversité, la pluralité et la reconnaissance mutuelle, a expliqué le cheikh d’Al Azhar.

L’adoption des notions de citoyenneté, d’égalité et de droits exige nécessairement la condamnation de tout ce qui conduit à des pratiques de mépris ou de marginalisation, mais aussi à l’oppression, au déplacement ou au meurtre.

Ahmed Al Tayeb s’élève aussi contre le terme de « minorité », car il implique une discrimination. Ce terme a été réutilisé récemment dans afin de semer la discorde entre les musulmans et les chrétiens, voire entre les musulmans eux-mêmes.

Les musulmans et chrétiens réunis à la conférence d’Al-Azhar déclarent que toutes les religions sont innocentes du terrorisme sous toutes ses formes poursuit la déclaration : accuser les religions d’être à l’origine du terrorisme donne l’occasion aux fanatiques de la modernité d’ en finir avec les religions sous prétexte de la stabilité des sociétés.

Les religieux réunis au Caire rappellent aussi que le rôle des États est de protéger les droits des citoyens et leurs libertés. Ils ont renouvelé les « pactes de leur fraternité » tout comme leur refus des tentatives qui visent leur dispersion et qui présentent les chrétiens comme des cibles dans leurs patries. Ils concluent en disant que, malgré le mal que cause le terrorisme, rien ne pourra affaiblir leur détermination à continuer de vivre ensemble et à confirmer la citoyenneté tant dans la pensée que dans la pratique. (XS-OB)