Tunisie : l’état d’urgence prolongé

Le président Béji Caïd Essebsi a décidé de prolonger d’un mois l’état d’urgence sur toute l’étendue du territoire de la République tunisienne.
Par Aïda Haddad (avec agences)

 

C’est après avoir consulté le Premier ministre et le président du Parlement sur les questions relatives à la sécurité nationale, notamment la situation au niveau des frontières et dans la région, que le président Essebsi a pris sa décision de décréter de nouveau l’état d’urgence pour un mois à compter de ce lundi. Pour ce faire, il s’est appuyé sur l’article 80 de la Constitution tunisienne selon lequel « ‘en cas de péril imminent menaçant les institutions de la nation, la sécurité et l’indépendance du pays et entravant le fonctionnement régulier des pouvoirs publics le président de la République peut prendre les mesures nécessitées par cette situation exceptionnelle, après consultation du chef du gouvernement et du président de l’Assemblée des représentants du peuple et après en avoir informé le président de la Cour constitutionnelle. Il annonce alors les mesures dans un communiqué au peuple ».

Cette mesure d’exception permet notamment d’interdire les grèves et les réunions « de nature à provoquer ou entretenir le désordre », de fermer provisoirement « salles de spectacle et débits de boissons » ou encore de « prendre toute mesure pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ». La dernière prolongation, d’une durée de deux mois, remontait au 19 juillet.

Un contexte compliqué

La Tunisie est confrontée depuis sa révolution de 2011 à un essor d’une mouvance djihadiste et l’état d’urgence est en vigueur sans discontinuer depuis un attentat contre la garde présidentielle, le 24 novembre 2015, en plein Tunis. Douze agents ont été tués dans cette attaque revendiquée par l’organisation extrémiste État islamique (EI). Le pays avait auparavant connu deux autres attaques majeures du groupe EI, en mars et enjuin 2015, respectivement au musée du Bardo à Tunis et sur une plage d’un hôtel de Sousse. Soixante personnes, dont cinquante-neuf touristes étrangers, sont mortes.

La Tunisie connaît depuis une relative accalmie, mais des groupes djihadistes restent actifs, en particulier dans les montagnes de l’intérieur : fin août, un groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué une attaque à l’explosif près de Kasserine (centre-ouest) dans laquelle trois soldats ont été tués. Unique rescapée des Printemps arabes, la Tunisie compte des milliers de ressortissants dans des organisations djihadistes, en Irak, en Syrie et en Libye voisine.