Syrie : Quelques paroles cordiales de la Communauté de Deir Mar Musa

Depuis 1992, le Monastère de “Mar Mousa el-Habashi” en arabe ou Saint Moïse l’Abyssin (ou l’Ethiopien) de l’église syriaque, dont les origines spirituelles remontent au VIe siècle, retrouve une nouvelle vie. Ce lieu exceptionnel de silence et de recueillement aurait pu retourner lentement au désert dont il est issu s’il n’y avait pas eu une rencontre magique avec le père Paolo Dall’Oglio, jésuite italien épris de foi, de justice et de vérité, profondément respectueux des musulmans. Grâce à lui, les bâtiments de ce monastère, abandonnés depuis des siècles, revivent car ils hébergent de nouveau une communauté. Elle est connue pour son hospitalité, sa vie de prière et son engagement dans le dialogue avec les musulmans.

 

Le Samedi 27 août 2011, la Communauté publiait “quelques paroles cordiales sur trois points” que voici :

 

1) Nous désirons remercier tous nos amis pour la magnifique solidarité exprimée envers notre monastère et notre pays, dans ces conditions difficiles que nous ne réussissons à supporter que grâce à l’aide de vos chaleureuses prières, de l’appui de votre engagement et de l’efficacité de vos dons.

 

Grâce à chacun, sœurs, frères, familles et organisations ! Votre participation nous permet de regarder vers l’avenir avec plus de tranquillité et, avec nous, ce sont les familles de nos collaborateurs et celles dans le besoin, que nous aidons régulièrement, qui sont rassérénées. Nous ne pouvons pas encore reprendre le travail du chantier pour les appartements destinés aux jeunes familles à Nebek, mais il est vrai que tous les amis ne sont pas encore rentrés de vacances !

 

2) Comme chaque année, nous avons célébré ce matin la fête du monastère. La Messe a été présidée par notre Evêque George Kassab dans le « monastère de Hayek » désormais terminé ! A cette occasion, la « chapelle du moine tisserand » (Al Hayek) a été consacrée. Il s’agit de la grotte, un ancien ermitage, aujourd’hui le cœur spirituel du lieu.

 

L’Evêque nous a également donné, en ce jour béni, la joie de signer la règle de notre Communauté et de la déclarer canoniquement érigée en tant que nouvelle réalité monastique dans l’Eglise locale, avec conséquence dans l’Eglise universelle. C’est véritablement une grâce de la bonté divine ! Ceci nous fait sentir encore plus engagés dans et avec l’Eglise, et nous promet une croissance au service du Royaume de Dieu, dans le monde islamo-chrétien.

 

Sur ce fondement, nous avons renouvelé nos vœux monastiques et nous nous lançons ainsi vers une nouvelle phase de la vie de notre Communauté, avec nos novices et postulants ; et ceci nous encourage à offrir un témoignage de fraternité dans d’autres régions du monde musulman, qui est si cher au cœur du Fils de Marie.

 

3) Nous allons vers la fin du mois béni de Ramadan et vers la fête qui le conclut. Durant tout le mois, nous nous sommes impliqués dans la prière et dans la solidarité avec l’Oumma islamique et quelques-uns d’entre nous ont fait le jeûne, en retirant une sensible consolation spirituelle. Nous saisissons l’occasion pour offrir à nos ami-e-s musulman-e-s dans le monde entier nos plus cordiales salutations, demandant au Seigneur, le Miséricordieux, de les bénir, eux et leurs familles, dans leur engagement au service du bien commun.

 

La signification du mois de Ramadan est liée avant tout à la Nuit du Destin (Leïlat ul-Qadr). C’est la nuit de l’initiative divine dans le dialogue avec les personnes humaines. Nous demandons à l’Ami des humains – qui envoya un jour l’Ange Gabriel sur Terre, pour qu’elle se sanctifie dans sa révélation divine – d’envoyer aujourd’hui ses anges pour protéger ses fils chéris avec la paix, la réconciliation, la justice et Sa bénédiction.

 

Enfin, nous renouvelons notre pressante demande de prier intensément pour que s’arrête l’effusion de sang des fils de cette mère, la Syrie. Nous demandons aux sages, aux pieux, aux amants, de prendre position pour le Jihad des pacifiques, afin de sauver la patrie de la tragédie dans ses deux formes opposées : la stagnation dans un passé qui ne peut plus durer ou la précipitation vers un avenir inconnu, menacé par le spectre de la violence et de la division.

 

Le nom de Dieu est Paix. A Lui, nous demandons d’éclairer nos esprits pour pouvoir choisir l’initiative non-violente adaptée à la crise actuelle.

 

Nous vous embrassons, d’une embrassade d’espérance, cette espérance enracinée dans nos cœurs parce qu’elle est enracinée dans l’intention du Créateur, dans le don du Rédempteur et dans la vie de l’Esprit.

 

la Communauté de Deir Mar Musa