Mgr Sako interpelle (encore) l'Occident sur le sort des chrétiens d'Irak

« Nous nous sentons oubliés et isolés ! » Ce cri d’alarme, c’est Mgr Louis Raphaël I Sako, le patriarche de Babylone des Chaldéens, qui l’a lancé lors d’une conférence organisée samedi 14 décembre à Rome par le Religious Freedom Project de l’université de Georgetown (aux Etats-Unis), rapporte le National Catholic Reporter (en anglais).

L’archevêque irakien a exprimé le désarroi des chrétiens de son pays face au silence de l’Occident, allant même jusqu’à l’exprimer en des termes très directs : « Nous nous demandons parfois : si l’on nous tuait tous, quelle serait la réaction des chrétiens occidentaux ? Est-ce qu’ils feraient quelque chose, à ce moment-là ? »

Pourtant, ce n’est pas « la protection des chrétiens » que réclame Mgr Sako, mais un appui concret des Occidentaux en faveur de « sociétés où tous les êtres humains vivraient en harmonie », fondées sur « un état civil dans lequel le seul critère serait une citoyenneté ancrée dans une pleine égalité devant la loi ».

Le patriarche chaldéen, âgé de 65 ans, a également critiqué fortement l’influence actuelle des pays occidentaux dans la région : « Tout ce qu’ils font, c’est créer des problèmes, vendre des armes et récupérer du pétrole… C’est un péché ! »

Selon lui, plus de 1000 chrétiens irakiens auraient déjà été tués depuis l’intervention américaine de 2003, et beaucoup d’autres kidnappés et torturés, tandis que 62 églises et monastères auraient subi des attaques de la part d’islamistes. Autant de drames qui poussent les chrétiens d’Irak à quitter le pays : une récente estimation du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, ils seraient déjà 850.000 à avoir fui l’Irak en dix ans, soit probablement un tiers de la population chrétienne totale.

La Vie