L’Œuvre d’Orient invitée au déplacement du Président de la République française en Irak.

Quelques informations autour du déplacement du Président de la République française en Irak, pour une rencontre avec les dirigeants irakiens et avec ceux de divers Etats du Moyen-Orient.

-Nous reproduisons le commentaire de l’Œuvre d’Orient, partenaire de CDM, sur la signification de cette visite pour les communautés chrétiennes et spécialement les écoles chrétiennes du Moyen-Orient.

31/08/21

La France aux côtés des chrétiens d’Orient.

L’Œuvre d’Orient était invitée au déplacement du Président de la République française en Irak, où il a apporté un message de soutien aux différentes composantes du peuple irakien (sunnite, chiite, yazidi et chrétienne, arabe et kurde).

À Mossoul, dimanche 29 août, le président Emmanuel Macron a réinsisté devant les responsables des communautés chrétiennes orientales sur le “message civilisationnel mais aussi géopolitique” qu’elles incarnent, convaincu “qu’il n’y aura pas d’équilibre s’il n’y a pas de respect de ces communautés et que l’Irak ne resterait pas l’Irak s’il n’y avait pas la possibilité pour l’ensemble des communautés chrétiennes de pouvoir vivre en paix leur culte et de pouvoir le poursuivre”.

En présence de Mgr Petros Mosché, archevêque syriaque catholique de Mossoul et Qaraqosh, de Mgr Mikael Najeeb, archevêque chaldéen de Mossoul, de Mgr Youssef Mirkis, archevêque chaldéen de Kirkuk et de Suleymanieh, de Mgr Nicodemus Daoud Sharaf, archevêque syriaque orthodoxe de Mossoul, de Mgr Timoteus Mousa Alshamany, evêque syriaque orthodoxe de Mar Matti, du Père Emmanuel, curé de la paroisse syriaque-catholique Al-Bichara de Mossoul, ainsi que des autorités civiles irakiennes, le gouverneur de Mossoul et le ministre irakien des Affaires étrangères, le Président de la République a salué “le travail admirable des communautés [chrétiennes] dans les domaines éducatif, médical, social pour l’ensemble de la population”.

Dans l’église des dominicains Notre-Dame-de-l’Heure, des perspectives de poursuite de collaboration avec les chrétiens d’Orient ont pu être envisagées :

  • Soutien aux établissements scolaires avec le Fonds des écoles d’Orient pour lequel œuvre M. Charles Personnaz, qui a été annoncé en janvier 2020 à Jérusalem, « pour diffuser la francophonie mais aussi ses valeurs de paix et de coexistence dans la région ». L’action de ce fonds conjoint entre l’Etat et L’Œuvre d’Orient a contribué au fonctionnement de trois écoles cette année, et sera amplifié à l’avenir.
  • Reconstruction d’églises et de monuments, grâce à la Fondation ALIPH.

Le Président de la République a ainsi réaffirmé : “C’est aussi notre rôle de vous permettre de jouer pleinement votre rôle là où vous êtes, qui est d’aider à la construction de la paix”.

Charles Personnaz, directeur de l’Institut national du patrimoine, et chargé de mission à l’Œuvre d’Orient, revient dans cette vidéo sur les enjeux de cette visite en ce qui concerne particulièrement le patrimoine religieux.

-o-

Une tribune publiée par Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, dans le journal La Croix du 27 août 2021, invite les Français à “revisiter”, à la suite du pape, leur attitude à l’égard du Moyen-Orient et à refuser les amalgames et les clichés sur l’islam et les musulmans. Il dit notamment:

“En rencontrant le grand ayatollah Al Sistani, le pape François a indiqué un chemin pour la rencontre des musulmans. Ces démarches ont pu être mal comprises par les Français et même par les catholiques. Le pape a pu être suspecté au mieux de naïveté, au pire de ‘complicité’. Mais vouloir faire de l’islam une réalité homogène et violente consiste à tenir exactement le discours de Daech, qui voudrait tant le croire et nous le faire croire. Dans l’islam chiite, comme dans le sunnisme, il y a des forces de lumière et des forces de ténèbres.

Certes, il est absurde de croire que l’islamisme violent n’a rien à voir avec l’islam. Mais il est tout aussi absurde de croire que l’islam conduit nécessairement à l’islamisme. De même que les intégristes chrétiens sont liés au christianisme, le christianisme ne conduit pas nécessairement à l’intégrisme.

Nous avons aussi en France des penseurs musulmans porteurs de lumière, réformistes, artisans de paix, mais nous ne savons pas les rencontrer, ils sont trop silencieux. Nous devrions avoir la même audace du pape qui construit les ponts de la confiance.

(…)

Par ses questions récurrentes sur les ventes d’armes, le pape nous invite à revisiter notre attitude sur le Moyen-Orient. D’une part, cette région est évidemment d’une grande proximité avec l’Union européenne – une Union européenne dont la diplomatie n’est guère visible.

D’autre part, il est impossible que cette région, carrefour de trois ensembles continentaux, débouchant sur le village méditerranéen, reste enlisée dans les crises politiques, culturelles, économiques qu’elle traverse. Si nous n’agissons pas par solidarité, agissons par une juste compréhension de nos propres intérêts. Nous devons donner des signes d’espérance à ces peuples, en particulier aux nouvelles générations qui ont besoin de croire en l’avenir. Une jeunesse désespérée sera la proie facile des plus violents.

Le pape François est venu en pèlerin de l’espérance, celle-là même que portait Abraham. L’Irak doit pouvoir regarder son avenir ; non pas oublier les souffrances du passé, mais ne pas rester cloué au bois de la croix. Quelle espérance pour le peuple syrien qui subit un embargo cruel ? N’avons-nous donc rien appris ? Quelles initiatives prendre encore pour le Liban découragé ? Et nous-même, quelle espérance savons-nous proposer à nos nouvelles générations ? La violence juvénile que nous connaissons ne se nourrit-elle pas de désespérance ?”

Voir l’article complet sur le site du journal:

https://www.la-croix.com/Debats/Mgr-Pascal-Gollnisch-Le-pape-nous-invite-revisiter-notre-attitude-Moyen-Orient-2021-08-27-1201172554

-o-

La revue Courrier international donne quelques perspectives sur la portée politique de ce voyage présidentiel, en relativisant ses résultats.

“Le week-end du 28 août, lors d’une visite en Irak marquée par sa participation à une conférence régionale, le président français s’est efforcé de s’imposer comme un acteur de premier plan dans la région, sur fond de désengagement des États-Unis.

(…)

“La France essaie de prendre pied au Moyen-Orient à partir de l’Irak après avoir échoué à le faire au Liban”, résume un observateur politique pour le site irakien Al-Alam Al-Jadid. Selon ce dernier, Paris “veut envoyer le message” et montrer que le pays – et plus largement l’Union européenne – “peut être une alternative aux États-Unis”.”

Voir la totalité de l’article sur le site de la revue (réservé aux abonnés)

https://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/diplomatie-en-irak-macron-se-presente-la-fois-comme-mediateur-et-comme-alternative

Retour à l’accueil