Titre

Le conflit israélo-palestinien

Sous titre

20 questions pour vous faire votre opinion

Auteur

Alain Dieckhoff

Type

livre

Editeur

Armand Colin, 26/04/2017

Collection

Idées claires

Nombre de pages

144 pages

Prix

12,90 €

Date de publication

1 mars 2018

Le conflit israélo-palestinien

Depuis longtemps, Alain Dieckhoff s’est spécialisé dans l’observation et le décryptage du conflit désigné par le titre. Il lui a consacré de nombreux ouvrages, entre autres : Les Espaces d’Israël : essai sur la stratégie territoriale israélienne (Ed. de Sciences Po.,1989) et  L’État d’Israël (Fayard 2008). Chercheur au CNRS et directeur du Centre de Recherches Internationales (CERI, Sciences Po Paris), il lui fallait bien cette longue fréquentation et toute sa compétence pour offrir, avec ce livre, un condensé lumineux sur les facettes les plus importantes de cette « guerre de cent ans ».

En vingt questions essentielles, le lecteur est amené à comprendre le pourquoi et le comment de cette interminable confrontation. Ce n’est jamais simpliste ni caricatural. Au contraire, en un style ramassé et dense, l’auteur expose simplement et clairement les réalités d’une situation mouvante et complexe. Sans doute, les questions ne sont-elles pas posées au hasard. On y décèle vite une trame historique, depuis la première : « Pourquoi Juifs et Arabes s’affrontent-ils en Palestine depuis cent ans ? » jusqu’à la dernière : « Le conflit israélo-arabe ne connaîtra-t-il pas de fin ? » Au passage, on notera comme des jalons sur un chemin : « Juin 1967, une victoire empoisonnée pour Israël ? » ou encore : « Pourquoi une seconde intifada ? »

Une autre série de questions concerne les protagonistes eux-mêmes : « Que faire avec le Hamas ? » – « La Palestine, un état fantôme ? » – « Israël a-t-il tourné le dos à une paix négociée ? » Chacune des réponses de l’auteur comporte son lot d’observations avec un exposé de deux ou trois faits saillants, puis une tentative d’explication : « Une fois admis ce préalable, il peut y avoir trois raisons… » Ou encore : « D’une part pour Israël… d’autre part pour l’OLP ». Évidemment, chaque affirmation pourrait être largement développée, mais c’est l’option de l’auteur en écrivant dans la collection « Idées claires » : se limiter à l’essentiel pour être compris de tous, sans parti pris et en toute clarté.

Au-delà des événements sur le terrain, Alain Dieckhoff fait une large place à la géopolitique : « Les États arabes ont-ils vraiment soutenu la cause palestinienne ? » – « Les États-Unis : un acteur partial ? » – « Pourquoi l’ONU est-elle impuissante ? » Pour le lecteur, c’est une mine de renseignements et de perspectives éclairantes sur la prolongation de ce conflit. Et l’on comprend mieux que rien n’est simple quand on sait les intérêts économiques et géostratégiques qui prédominent pour les grandes puissances, ou qu’on connaît la paralysie de fonctionnement de l’Europe.

L’objectivité de l’auteur, tout au long de ses questions et réponses, ne peut être mise en doute, et c’est assez remarquable concernant un conflit souvent entouré de passions contradictoires. Mais c’est dans les dernières questions qu’on perçoit ses prises de position. Ainsi, recommande-t-il l’internationalisation de la Vieille Ville de Jérusalem, seul lieu sacré des trois monothéismes qui y sont nés. Ainsi encore expose-t-il, de façon assez convaincante, comment donner droit aux réfugiés palestiniens expulsés de leur terre. Et l’auteur prône la solution des deux États comme seule possible, sans se cacher, dans l’un ou l’autre domaine, les difficultés et les blocages actuels. D’où sa dernière question sur la durée du conflit. Pour lui, la paix viendra le jour où un mélange de lassitude et d’intérêts  bien compris par les protagonistes l’emportera sur la guerre. Sans illusion : « Le conflit israélo-arabe est plus résistant à une solution politique globale que d’autres », à cause de l’inévitable dimension religieuse qu’il porte en lui.

Avec cette approche raisonnée de ce conflit, sur ces origines, ses logiques et ses dynamiques, l’auteur offre à tout public, même le moins sensibilisé, l’occasion de s’informer simplement, loin des passions et des fantasmes. Un travail salutaire de bonne vulgarisation, claire, succincte et pédagogique[1].

 

Claude Popin

[1] Pascal Boniface, géopolitologue et directeur de l’IRIS pose 3 questions à Alain Dieckhoff