Le dernier rapport de Francesca Albanese sur les Territoires palestiniens occupés, “Le génocide de Gaza : un crime collectif”. Peut-on encore parler de trêve à Gaza ?

Francesca Albanese est la rapporteuse spéciale du Haut-commissariat aux droits de l’homme des Nations-Unies pour les Territoires palestiniens occupés depuis 1967. Elle a publié le 20 octobre 2025 un nouveau rapport intitulé “Gaza Genocide: a collective crime” (Le génocide de Gaza : un crime collectif’) dont voici le texte anglais original :

https://www.ohchr.org/en/documents/country-reports/a80492-gaza-genocide-collective-crime-report-special-rapporteur-situation

Ce rapport de 24 pages (en anglais uniquement) a été résumé en français par l’Agence Média Palestine. Nous reproduisons ce résuméésumé du dernier rapport de la rapporteuse spéciale à l’ONU sur les “« Le génocide de Gaza : un crime collectif”.

Par l’Agence Média Palestine, le 24 octobre 2025.

“Aucun État ne peut se dire attaché au droit international tout en armant ou protégeant un régime génocidaire.”

Les précédents rapports d’Albanese, “Anatomie d’un génocide”, “L’effacement colonial par le génocide” (2024) et “D’une économie d’occupation à une économie de génocide”(2025) ont documenté le génocide commis par Israël à Gaza, son origine et ses fondations. “Le génocide de Gaza : un crime collectif”, paru le 20 octobre dernier, se concentre sur la complicité internationale qui le caractérise.

“Encadrée par des discours coloniaux qui déshumanisent les Palestiniens, cette atrocité diffusée en direct a été facilitée par le soutien direct, l’aide matérielle, la protection diplomatique et, dans certains cas, la participation active d’États tiers. Elle a mis en évidence un fossé sans précédent entre les peuples et leurs gouvernements, trahissant la confiance sur laquelle reposent la paix et la sécurité mondiales. Le monde se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins entre l’effondrement de l’état de droit international et l’espoir d’un renouveau. Ce renouveau n’est possible que si la complicité est combattue, les responsabilités assumées et la justice respectée.”

Les quatre composants de la complicité

Francesca Albanese identifie quatre axes dans lesquels cette complicité s’est matérialisée : politique et diplomatique, militaire, humanitaire, et économique.

Dans le premier domaine, elle démontre que les États ont systématiquement adopté la rhétorique et les éléments de langages israéliens, qualifiant les israélien-nes de “civils” et d’”otages”, tandis que les Palestinien-nes étaient présenté-es comme des “terroristes du Hamas”, des cibles “légitimes” ou “collatérales”, des “boucliers humains” ou des “prisonnier-es” légalement détenu-es.

Elle identifie également ces éléments de langage dans les négociations de paix, quand les pays comme la France ont appelé à des “pauses humanitaires” plutôt que d’exiger un cessez-le-feu permanent, offrant une couverture politique à la poursuite de la guerre et banalisant les violations du droit par Israël.

Sur le volet militaire, Francesca Albanese rappelle le Traité sur le commerce des armes, qui impose de ne pas commercer avec des Pays soupçonnés de génocide. La France est entre autres pointée du doigt pour n’avoir pas cessé ses exportations et avoir permis le transit par ses ports de cargaisons d’armes à destination d’Israël. Francesca Albanese dénonce également que de nombreux soldat-es servant en Israël ont une double nationalité et qu’il appartient à leurs pays de les juger. La France en fait partie.

Le rapport poursuit en dénonçant la militarisation et l’instrumentalisation de l’aide humanitaire, à travers le blocus total de Gaza. Francesca Albanese dénonce le retrait de financements de la part de nombreux pays, dont la France, à l’UNRWA  (1), sur la base d’allégations israéliennes qui n’ont pas été démontrées, et ont par la suite été invalidées par des observateur-ices de l’ONU.

Le volet concernant l’aide humanitaire dénonce aussi la création de la Gaza Humanitairian Foundation par les État-Unis, qui a participé au déplacement contraint de nombreux-ses Palestinien-nes affamé-es et a été le théâtre du meurtre d’au moins 2 100 d’entre elles et eux.

Dans le dernier volet, concernant l’aspect économique, Francesca Albanese rappelle qu’Israël est profondément dépendant de ses accords commerciaux, et que le maintien par les pays concernés de tels accords “malgré l’illégalité de l’occupation [israélienne] et ses violations systématiques des droits humains et du droit humanitaire – qui ont désormais atteint le stade du génocide – légitiment et soutiennent le régime d’apartheid israélien.”

Elle souligne, entre autres, que la France a augmenté ses transactions avec Israël plutôt que de les restreindre, avec 75 millions de dollars supplémentaires d’échanges. Le rapport pointe aussi la nécessité d’un embargo sur les armes et sur l’énergie, pointant l’implication de la France dont les ports sont utilisés pour le transit d’armes, de pétrole et de gaz à destination d’Israël.

Il faut désormais rendre justice” 

“À ce stade critique, il est impératif que les États tiers suspendent et réexaminent immédiatement toutes leurs relations militaires, diplomatiques et économiques avec Israël, car tout engagement de ce type pourrait constituer un moyen d’aider, d’assister ou de participer directement à des actes illégaux, notamment des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des génocides”, affirme le rapport.

Francesca Albanese rappelle les recommandations figurant déjà dans les rapports précédents : mesures coercitives contre Israël, embargo sur les armes et le commerce avec Israël, refus de passage aux navires/aéronefs israéliens, poursuite des auteurs et complices du génocide.

Elle appelle les pays à faire pression sur Israël pour un cessez-le-feu permanent et un retrait complet de ses troupes de Gaza, une levée du blocus et la réouverture de la frontière avec l’Égypte, de l’aéroport international et du port de Gaza.

“Le monde entier a les yeux rivés sur Gaza et toute la Palestine. Les États doivent assumer leurs responsabilités. Ce n’est qu’en respectant le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, si ouvertement bafoué par le génocide en cours, que les structures coercitives mondiales durables pourront être démantelées. Aucun État ne peut prétendre adhérer de manière crédible au droit international tout en armant, soutenant ou protégeant un régime génocidaire. Tout soutien militaire et politique doit être suspendu ; la diplomatie doit servir à prévenir les crimes plutôt qu’à les justifier. La complicité dans le génocide doit cesser.”

Lien vers le texte sur le site de l’Agence Média Palestine : https://agencemediapalestine.fr/blog/2025/10/24/gaza-nest-pas-une-tragedie-sans-responsables-le-dernier-rapport-de-francesca-albanese

Il a aussi été publié sur le site de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) : https://ujfp.org/gaza-nest-pas-une-tragedie-sans-responsables-le-dernier-rapport-de-francesca-albanese

(1) UNRWA, United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East, en français Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, est un programme de l’Organisation des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie, qui a débuté en décembre 1949. L’Office a la charge d’environ 6 millions de personnes. Voir le document en français ;

https://www.unrwa.org/userfiles/file/publications/fr/overview%20FR.pdf.

-o-

Peut-on encore parler de trêve à Gaza ?

L’armée israélienne a tué plus de cent personnes le 28 octobre 2025 dans un bombardement sur Gaza, alléguant la présence d’un dépôt d’armes et de menaces sur ses forces armées, ayant entraîné la mort d’un de ses soldats. Rappelons que l’information diffusée en Occident ne repose que sur des déclarations israéliennes, aucune source indépendante n’étant autorisée à entrer dans Gaza. Israël a ensuite annoncé “reprendre le cessez-le-feu”. Donald Trump estime que la trêve n’a pas été remise en cause par le massacre de ces cent Palestiniens, jugeant qu’Israël devait répondre âr la force à la mort d’un de ses soldats. Le Qatar veut aussi croire à la trêve.

Voir le détail de ces événements dans le quotidien La Croix du 29 octobre 2025, “Guerre à Gaza, jour 754“.

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