La messe d’ouverture des JMJ dédiée au P. Jacques Hamel

Sous une pluie qui s’est peu à peu dissipée pour laisser place à quelques traits ensoleillés, près de 200 000 jeunes du monde entier ont afflué, revêtus de ponchos multicolores, sur la plaine du Blonia, pour la messe d’ouverture des Journées mondiales de la jeunesse mardi 26 juillet en fin d’après-midi. Le cardinal Stanislaw Dziwisz leur a souhaité la bienvenue en plusieurs langues sous les applaudissements, avant de dédier la messe qu’il présidait à la « mémoire » du P. Jacques Hamel, assassiné dans la matinée en pleine messe au cours d’une prise d’otages revendiquée par Daech dans son église de Saint-Etienne-du-Rouvray.

Aux côtés de l’archevêque de Cracovie se trouvait notamment le P. Jean-Baptiste Sèbe, prêtre du diocèse meurtri qui accompagne les jeunes Normands. Sur la grande estrade, une immense représentation du Christ miséricordieux de sainte Faustine avait été installée, rappelant aux jeunes le thème de ce rassemblement, la miséricorde. Les lectures, dans le contexte actuel, n’ont pas manqué, elles aussi, de toucher les pèlerins français : « Ni la mort ni la vie… rien ne pourra nous séparer de l’amour du Christ » (Romains 8,38).

Des temps de prière tout au long de la journée

Massés dans un des carrés de la plaine du Blonia, les jeunes du diocèse de Laval ont entonné, peu avant le début de la messe, un Ave Maria en mémoire du prêtre assassiné pour « être en communion avec nos compatriotes », précise le frère Ronan, du prieuré de la Cotellerie (Mayenne). Parmi les groupes de pèlerins français, la nouvelle terrible s’était répandue dans la journée et beaucoup avaient organisé spontanément des temps de prière. Ainsi le matin, l’une des accompagnatrices du diocèse mayennais avait réuni à l’intention du prêtre assassiné les jeunes mineurs de son groupe dans l’église de la Sainte-Trinité, dans le centre-ville.

« Nous avons quelques pèlerins pour qui le rassemblement a suscité des angoisses, d’autres qui s’inquiétaient des appréhensions de leurs parents. Nous avons prié le chapelet pour tout cela, nous tenant les mains », raconte Marie-Christine Bedouet, 42 ans, encore visiblement émue. « Nous sommes dans un lieu de miséricorde et nous sommes appelés à cela, poursuit cette directrice de collège. Une jeune a proposé de prier pour les victimes, j’ai ajouté également pour les bourreaux, d’autant que les terroristes ont souvent l’âge des JMJistes. Seules nos prières les sauveront et sauveront le monde. »

Garder l’espérance

Elle-même avait participé, 25 ans plus tôt, lors des JMJ de Czestochowa en 1991, marchant aux côtés de jeunes Européens de l’Est « confrontés à d’autres défis qu’ils ont su relever ». « La jeunesse nous empêche de désespérer, elle est belle et pleine d’espérance », affirme-t-elle.

« J’espère que le pape nous adressera des encouragements, à nous Français pour cette situation particulière que nous vivons, mais cela reste aussi une menace mondiale, ajoute à son tour l’un des jeunes pèlerins mayennais, Paul Jacob, 21 ans. Derrière nous, c’est quelque chose de beaucoup plus universel qu’ils attaquent. La notion d’espérance est particulièrement forte ici et c’est cela qui est attaqué. Le pape François va nous remuer, il nous dira ce qu’on n’a pas forcément envie d’entendre, de porter la joie dans un pays de plus en plus dur ».

Ne pas oublier la souffrance des autres pays

Des groupes étrangers avaient eux aussi élevé des prières pour la France dans la journée, comme des Gabonais ou des Allemands. « Ce qui est beau, ce sont toutes ces nationalités qui pensent à nous. Le choc est d’autant plus important que la France symbolise certaines valeurs, certaines vertus dans le monde, réagit Vianney Boudy, un Angevin de 22 ans venu en rallye auto aux JMJ. C’est la première fois que les catholiques sont explicitement pris pour cibles en France. C’est un coup dur, mais il faut continuer à vivre notre foi ». Et surtout, insiste-t-il, ne pas oublier que « beaucoup d’autres pays souffrent, et ces JMJ où sont réunis tant de jeunes de ces pays nous le rappellent ».

Peu avant la messe, Mgr Georges Pontier avait appelé les catholiques de France à une journée de jeûne et de prière, vendredi 29 juillet, pour la « fraternité en France » et la paix dans le monde. Les 35 000 Français sont invités à se joindre au Chemin de croix que le pape François présidera le même jour.

Céline Hoyeau et Marie Malzac, à Cracovie