La Croix – En Syrie, le temps de la diplomatie ? Vu d'avant En 1989, l'accord de Taëf mettait fin à la guerre au Liban

Destiné à mettre fin à la guerre civile qui avait débuté en 1975, l’accord de Taëf sur la paix au Liban modifiait la répartition des pouvoirs, asseyait l’influence militaire syrienne dans le pays et prévoyait le désarmement des milices.

 

En 1989, la Ligue des États arabes tente de trouver une solution à la guerre civile libanaise qui dure depuis près de quinze ans, faisant au moins 100 000 morts. Un comité tripartite formé par trois États membres, le Maroc, l’Algérie et l’Arabie saoudite, organise la médiation entre les acteurs du conflit qu’il réunit à Taëf (dans la région du Hedjaz)en Arabie saoudite. Les 62 députés libanais présents – 31 musulmans, 31 chrétiens – signent alors un « document d’entente nationale », connu sous le nom d’accord de Taëf.

Depuis son indépendance en 1943, le Liban est régi par un système politique confessionnel, le « Pacte national », qui répartit les pouvoirs entre maronites, sunnites, chiites, druzes, et grecs-catholiques et orthodoxes. L’accord de 1989 réorganise l’équilibre des pouvoirs entre les différentes communautés religieuses: le nombre de députés est accru pour atteindre la parité entre chrétiens et musulmans, et les dossiers en conseil des ministres seront eux aussi répartis de manière égale entre les confessions.

L’accord installe également une troïka à la tête du pays, en réduisant les pouvoirs du président maronite au profit de ceux du premier ministre sunnite et du président chiite du Parlement.

L’accord est aussi connu pour avoir maintenu la présence militaire syrienne au Liban, nécessaire selon une partie de la classe politique libanaise pour faire face aux menaces israéliennes au sud du Liban. La présence syrienne est l’un des aspects les plus décriés de l’accord, particulièrement par les chrétiens qui y voient la mise en place d’une tutelle, voire un protectorat syrien sur le Liban.

Le désarmement des factions armées libanaises est également l’une des mesures prévues par l’accord de Taëf: un succès très relatif, puisque le Hezbollah chiite demeure, aujourd’hui encore, la seule force armée capable de combattre au Liban.

Un accord de Taëf serait-il possible en Syrie? Certes, les conditions politiques ne sont pas les mêmes. Taëf n’a jamais été considéré comme pouvant résoudre toutes les difficultés du Liban, dévasté et exsangue. S’il fait encore aujourd’hui l’objet de critiques, ses concepteurs l’ont défendu comme étant alors l’unique solution à même de mettre fin aux hostilités, commencées quinze ans auparavant.

 

 

ALIBERT Marlène