Huffington Post – La COP 21 et la solidarité avec les peuples d'Orient

 

Depuis la deuxième moitié du XIXe siècle, l’élite industrielle française de la filière électro-électrique a développé un fort attachement avec les pays d’Orient. À l’instant de l’actualité dramatique à Paris, Bamako, Tunis et celle venant de Syrie, d’Irak, de la mondialisation des échanges et de l’évènement COP 21, il est essentiel de mesurer notre capacité de solidarité avec les Orientaux.

On oublie souvent que le cinéma est un enfant des électriciens, donc de l’éclairage. Il existait dans les années trente, un train entre Bagdad et Istanbul qui à Alep avait une liaison vers Le Caire. Des Levantins de toutes sortes, parmi lesquels des industriels chrétiens, juifs et musulmans convergeaient vers la capitale du cinéma arabe.
On raconte qu’à l’arrivée sur le quai de la Gare Centrale du Caire, ils se trouvaient des Égyptiens, souvent en galabia (djellaba), qui brandissaient des scénarios tout en clamant : “qisset houb, qisset houb…” (Histoire d’amour, histoire d’amour).

Se rapprocher des ingénieurs originaires d’Orient
L’industrie du cinéma égyptien avait construit un rêve entre les années 30 et 60, où les enfants des religions monothéistes se retrouvaient sans distinction. La filière électro-électrique française devrait, en ces jours de COP 21, saisir l’occasion pour rapprocher les ingénieurs originaires de l’Orient qui participent actuellement à sa fabuleuse mutation.
On ne peut, pour la simple raison d’être dans un monde où domine la demande et l’offre propres aux marchés, rester insensible au drame des chrétiens, Yazidis, Kurdes et Turkemens, entre la Syrie et l’Irak. Sans oublier les musulmans qui se refusent à adhérer à une doctrine d’un autre âge.

Il faut lire l’échange au printemps dernier, entre l’écrivain poète Salah Stétié et la fondatrice de la danse classique au Liban, Georgette Gebara, pour comprendre la fraternité monothéiste au Liban.
Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, à Kobané, Raqqa et Hassaké en Syrie, à Mossoul en Irak, les ingénieurs français se sont relayés auprès de collègues dont certains ont dû abandonné, depuis deux années, dans leur fuite, tous leurs biens pour la simple raison d’être différents et ne de pas adhérer à une idéologie qui ne respecte pas les simples règles des relations humaines.

Sur le site web de l’University of Mosul, on peut voir que l’institution ne communique plus depuis le 5 juin 2014. En ce qui concerne les métiers de la filière électro-électrique, on y voit encore des photos de formation dans le domaine des ingénieries. On y voit des futurs techniciens et ingénieurs ravis d’apprendre, mais on ne sait ce qu’ils sont devenus.

En souvenir des pionniers tels Georges Berger
Devant de tels drames en Syrie et en Irak, la filière électro-électrique doit donner des signaux de solidarité avec les Orientaux. Elle ne doit pas oublier que nombreux pionniers français de la filière étaient, tels Georges Berger, l’organisateur de la première exposition internationale d’électricité en 1881, des grands passionnés de l’Égypte et de la Syrie, par exemple.
Elle ne doit pas oublier que la construction du canal de Suez en 1869, est le symbole de la forte relation entre l’Orient et les industriels français. En retour, on ne peut compter le nombre d’enfants orientaux qui depuis le XIXe siècle ont intégré les grandes écoles françaises avant de réussir de grandes carrières dans notre industrie électro-électrique.

Pour exemple, on peut citer Pierre Azaria, fils de la communauté arménienne d’Égypte et né au Caire, qui après des études à l’École Centrale, allait devenir le grand industriel de filière électrique entre la fin du XIXe siècle et début du XXe. Et c’est lui qui, en 1898, allait créer la fameuse Compagnie Générale d’Électricité (CGE) qui marquera à jamais la mémoire collective française en matière d’énergie.
Aujourd’hui, ils sont nombreux les cadres d’origine orientale au sein de la filière électro-électrique. À nous de savoir leur tendre la main, pour apaiser leur souffrance dans l’isolement du lieu de travail et pour témoigner de notre solidarité et reconnaissance.

Nidam Abdi