Des réfugiés, en attente du statut, déjà intégrés

À 3 km de Saint-Antonin-Noble-Val, quelques maisons éparpillées et un centre, le centre de vacances Réhoboth qui s’est transformé, depuis le 12 décembre, en centre d’accueil et d’orientation temporaire pour les migrants. À l’intérieur, 17 réfugiés y habitent. Que des hommes de nationalité soudanaise, afghane, pakistanaise, iranienne et irakienne venus de la jungle de Calais qui ont reçu, hier, la visite du préfet de Tarn-et-Garonne, Pierre Besnard. Durant un peu moins d’1 heure, ils ont pu échanger quelques phrases et montrer fièrement leur chambre, leur maison temporaire. Une habitation propre et digne à l’inverse des bidonvilles de Calais. Une habitation qui les a aidés à retrouver le sourire. «Quand ils sont arrivés en bus à 2 heures, ils ne voulaient pas descendre, se rappelle une bénévole. Ils étaient très méfiants. Et aujourd’hui, ils se sentent bien.» Une métamorphose qui s’explique également par la centaine de bénévoles qui les encadre. Ces derniers font partie d’un collectif d’associations de Saint-Antonin-Noble-Val et des alentours créé en novembre dernier, avant leur arrivée.

Des journées bien rythmées

«Ils ont 4 heures de français par jour, détaille l’une des coordinatrices du collectif Florence Morot-Gaudry, mais aussi des activités sportives comme de l’escalade, du foot en salle ou des randonnées.» «Ces moments sont importants pour évacuer leur souffrance», enchérit une autre volontaire. Et la coordinatrice d’enchaîner : «Ceux qui ont besoin ont des suivis médicaux et psychologiques. Un temps important est également consacré aux démarches nécessaires qu’englobe la procédure de demande d’asile.» Aujourd’hui, les 17 migrants sont toujours là. Aucun n’est retourné à Calais. Aucun ne compte partir pour l’Angleterre. «Je voulais venir en France pour l’éducation et la sécurité», explique Nizar, Soudanais. Parmi les 17 migrants, deux ont déjà obtenu le statut de réfugié. Les autres sont encore en attente de la décision de l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra). Mais le temps presse. Le 15 mars, le centre se retransforme en centre de vacances. «Qu’est-ce qui va se passer après ?», une question qui taraude la vingtaine de bénévoles venue hier. «On a mis en place des outils pour les aider et qui marchent, argumente Florence Morot-Gaudry devant le préfet. On pense que c’est dommage d’arrêter ça.» Et Pierre Besnard de lui répondre : «On s’est engagé à laisser ce centre le 15 mars mais si vous trouvez un autre lieu, on vous suit.» Et nuance : «Ils sont passés d’une structure terrible avec Calais avec un centre rempli de douceur ici mais la réalité est entre les deux. Il faut faire attention à ne pas leur donner l’illusion que ça va, qu’ils trouveront facilement du boulot.» Certainement. Mais l’entraide est là à Saint-Antonin-Noble-Val. Une des bénévoles possède une ferme et a déjà promis à deux migrants de les embaucher dès le statut de réfugié en poche. Une bonne nouvelle pour ces hommes qui ont laissé toute une vie derrière eux.