Comprendre les « zones de désescalade » en Syrie – La Croix

Comprendre les « zones de désescalade » en Syrie

Un accord signé jeudi 4 mai entre Russes, Turcs et Iraniens, prévoit la création de zones de désescalade et de zones de sécurité en Syrie.

Accalmie des combats

Les violences étaient en recul samedi 6 et dimanche 7 mai dans plusieurs provinces de Syrie au début de la mise en place d’un accord conclu entre Moscou, Téhéran et Ankara en vue d’une trêve durable.

Cet accord a été signé jeudi 4 mai à Astana, au Kazakhstan, par la Russie et l’Iran, alliés du régime de Bachar Al Assad, et la Turquie, soutien de la rébellion. Le mémorandum prévoit la création de quatre « zones de désescalade » en Syrie.

« Zones de désescalade » et « zones de sécurité »

Une « zone de désescalade » comprendra la province d’Idleb, contrôlée par une coalition de rebelles islamistes et de djihadistes, et des secteurs de celles de Lattaquié, Hama et Alep. Parmi les autres zones figurent des secteurs de la province de Homs et la Ghouta orientale, le plus important bastion rebelle dans la grande banlieue de Damas.

Selon le général Sergueï Roudskoï, haut responsable de l’état-major russe, 2,67 millions de civils et 41 500 rebelles sont concernés dans ces parties du territoire syrien.

Il n’y aura pas de « zones de désescalade » dans les trois provinces totalement sous contrôle du régime (Damas, Tartous et Soueida) ainsi qu’à l’est et au nord-est du pays, où se trouvent les djihadistes de Daech et la coalition kurdo-arabe qui les combat avec l’appui des États-Unis.

L’objectif des « zones de désescalade » est de mettre « rapidement » fin à la violence, d’améliorer la situation humanitaire et de créer les « conditions pour faire avancer le processus politique ».

Les « zones de désescalade » seront doublées de « zones de sécurité », avec postes de contrôle et centres de surveillance tenus conjointement par « les forces des pays garants » et possiblement « d’autres parties ».

Dans ces zones, les forces gouvernementales et les groupes armés de l’opposition devront cesser d’utiliser tout type d’armes y compris l’aviation. Les avions de la coalition internationale menée par les États-Unis ne pourront pas y opérer.

Accès humanitaire et retour des réfugiés

Dans le même temps, les garants devront séparer les groupes armés de l’opposition des « groupes terroristes » qui sont, selon le document, Daech, « le Front al-Nosra » et les groupes qui leur sont affiliés.

Cette distinction a toujours été un des principaux obstacles à l’application des cessez-le-feu. Daech n’a aucune relation avec les groupes rebelles mais le Front al-Nosra a formé des alliances avec certains d’entre eux.

Le 18 mai sera formé « le groupe de travail commun » qui établira, d’ici au 4 juin et pour une durée de six mois renouvelables, les cartes précises de ces « zones de désescalade » ainsi que des « zones de sécurité » attenantes.

Dans ces zones, l’accès humanitaire devra être assuré ainsi que l’acheminement de l’aide médicale, la remise en état des infrastructures, notamment l’eau et l’électricité. Le retour volontaire des réfugiés et des déplacés devra être facilité.

Un groupe de travail constitué des représentants des trois pays garants doit être constitué d’ici deux semaines. Une réunion aura lieu « mi-juillet » à Astana pour faire le point.

Surveillance prévue du processus

L’opposition syrienne a estimé vendredi 5 mai que « l’accord n’offre pas toutes les garanties nécessaires et manque de mécanismes de vérification ». Damas a déclaré soutenir l’initiative.

Les États-Unis, pays observateur dans les négociations d’Astana, ont salué avec grande prudence cet accord, disant « soutenir tout effort qui puisse véritablement réduire la violence en Syrie ».

Plusieurs accords de trêve ou de cessez-le-feu ont échoué en six ans de guerre. Ce plan semble plus ambitieux car il prévoit une surveillance de ces zones par des forces des pays garants.

Pierre Cochez (Avec AFP)