Les chrétiens orientaux célèbrent le Noël orthodoxe – La Croix

 

Les chrétiens orientaux célèbrent le Noël orthodoxe

Les célébrations du Noël copte-orthodoxe ont été marquées par l’inquiétude et la solidarité avec leurs frères catholiques, vendredi 6 et samedi 7 janvier, en Égypte.

Un Noël calme à Bethléem, endeuillé au Caire. Comme leurs frères de Russie, d’Ukraine, de Géorgie, de Grèce… de nombreux chrétiens orthodoxes du Proche-Orient ont commencé à célébrer Noël, fêté ce 7 janvier dans le calendrier julien.

À Bethléem, en Cisjordanie, des milliers de chrétiens de tradition orientale ont pris part, avec le patriarche grec-orthodoxe Theophilos III, à une procession suivie de la célébration dans la basilique de la Nativité, érigée sur le lieu de naissance de Jésus selon la tradition chrétienne. Sous le soleil, des groupes de scouts ont interprété au son des cornemuses et des cuivres l’air de « Jingle Bells » et d’autres chants de Noël, devant les habitants et les touristes alignés le long des rues.

Les chrétiens de tradition orientale fêtent Noël le 7 janvier et non le 25 décembre, en raison des différences entre les calendriers julien et grégorien. Les célébrations selon le rite occidental attirent bien plus de pèlerins du monde entier en décembre, mais la majorité des chrétiens palestiniens sont de rite oriental.

La solennité devait culminer avec la messe de minuit dans la basilique où étaient attendus des milliers de fidèles. Certains étaient parfois venus de très loin, comme John Mawal, prêtre orthodoxe d’Australie, marqué par cette journée « très spéciale ». « En Australie, c’est probablement quelque chose qu’on ne verra jamais de sa vie ».

Inquiétude, au Caire

La célébration du Noël copte, en Égypte, était quant à elle marquée par le récent attentat sanglant contre une église du Caire. Le 11 décembre, cette attaque suicide revendiquée par les djihadistes de Daech, avait visé en pleine célébration l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, contiguë de la cathédrale copte Saint-Marc, faisant 28 morts.

L’attaque a provoqué une profonde inquiétude au sein de la minorité copte qui n’en demeure pas moins la plus grosse communauté chrétienne d’Orient (10 % des 92 millions d’Égyptiens). « Personne ne sent la joie de la fête, je n’ai pas préparé de gâteau et j’ai à peine fait un grand ménage. Je suis prise de peur à chaque fois que l’un de mes trois enfants quitte la maison », confiait à l’AFP une mère de famille de 47 ans. Elle a demandé à ses deux filles de cacher la croix qu’elles portent au cou pour « ne pas s’exposer à des agressions éventuelles ».

Les craintes des Coptes ont été ravivées par le meurtre, lundi 2 janvier, d’un marchand de vin copte d’Alexandrie (nord), égorgé par un homme qui semble avoir eu des motivations religieuses.

Toutes les églises ont été priées de renforcer leur dispositif de sécurité : des portiques de détection de métaux devaient être installés, ainsi que des barrières pour interdire le stationnement automobile aux alentours, et une fouille des sacs était obligatoire.

Un chrétien explique avoir subi une fouille corporelle destinée à s’assurer qu’il ne portait pas de ceinture d’explosifs, en entrant dans l’église à Alexandrie. Il ajoute avoir été observé par des scouts de l’église pendant toute la messe et photographié plusieurs fois.

À l’église Sainte-Marie dans le nord du Caire, les fidèles sont venus, malgré tout, en grand nombre prier. « Les Coptes sentent qu’ils ont un défi à relever depuis l’attentat » de décembre, explique Saïd Saadallah, un septuagénaire. Le nombre de fidèles a augmenté et celui des offices religieux aussi ».

« À chaque fois, j’ai peur d’être la prochaine victime mais en fin de compte j’arrive à vaincre ce sentiment et je me rends à l’église », reconnaît Adel Ishak, un comptable de 30 ans et père d’un bébé, qui connaissait trois des victimes de l’attentat de décembre.

« L’atmosphère est moins joyeuse que les autres années, et un peu lourde à cause des martyrs tués depuis moins d’un mois. Les fidèles ont une crainte mais cela ne va pas les empêcher d’aller dans les églises. Depuis moins d’un mois, chaque dimanche, ils proclament le refus d’être soumis à cette terreur », expliquait vendredi le P. Rafic Greiche, porte-parole de l’Église catholique en Égypte, sur les ondes de RCF.

Après l’attentat du 11 décembre, les coptes catholiques avaient annulé leurs festivités organisées à l’occasion de Noël, par solidarité avec les familles des victimes et avec l’Église copte-orthodoxe. Les célébrations liturgiques, elles, avaient été maintenues, le 24 au soir comme le 25 au matin. Mais les catholiques, patriarches en tête, ont décidé de participer également aux célébrations orthodoxes, par solidarité et pour prier ensemble pour la paix dans le pays.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’est rendu à la messe de Noël célébrée par le patriarche copte Tawadros II à la cathédrale Saint Marc du Caire. Dans son message de Noël, traduit en 17 langues, Tawadros a quant à lui fait mémoire des victimes de l’attentat. Il a appelé à ne cesser de « contempler le ciel », pour en recevoir « la paix du Roi de la paix » et devenir « un artisan de paix ». « Celui qui regarde perpétuellement vers la terre, celui-ci recherche la violence, la guerre, la lutte et les terreurs », a-t-il poursuivi.

« C’est une belle chose, a-t-il ajouté en guise de vœux, que nous débutions l’année 2017. Le chiffre 7 en arabe (٧) ressemble à des bras levés vers le ciel, comme une personne qui les lève en le contemplant et le recherchant. Si le ciel est présent dans la vie d’un homme ou d’une femme, cette vie devient une vie de réussites. »

Céline Hoyeau