Bloc-notes de Nicole Girardot – Il y a des choix politiques incompatibles avec la foi chrétienne

Il y a des choix politiques incompatibles avec la foi chrétienne

le Bloc-notes de Nicole Girardot

responsable du groupe lyonnais de Chrétiens de la Méditerranée

 

Alors que vient de se terminer une longue période électorale pour notre pays, je continue à m’interroger sur le refus de la Conférence des évêques de France de prendre parti avant le second tour des élections présidentielles et voudrais faire part de quelques réflexions en écho à l’analyse objective et très éclairante que Gaston Pietri en a fait dans La Croix.[1]

Donner une consigne de vote et prendre position ce n’est pas la même démarche.

Personnellement, comme sans doute la plupart des catholiques, je n’attendais pas de consigne de vote de la part des évêques : nous sommes adultes et responsables et, si nous l’estimons nécessaire, avons de quoi éclairer notre conscience politique en nous référant, notamment, à l’enseignement social de l’Eglise.

Prendre position c’est dire comment on se situe devant un choix quand le contexte l’exige et qu’il y a un réel danger pour notre pays. C’est rappeler qu’il y a des choix politiques incompatibles avec la foi chrétienne.

Si les évêques n’ont pas voulu donner de consigne de vote cela ne les dispensait pas, compte tenu de leur responsabilité d’une part et de la menace réelle du FN d’autre part, de prendre position fermement et clairement – en le nommant – contre ce parti et son idéologie tout en rappelant aux prochains responsables politiques qu’il est temps d’entendre les gens qui votent pour ce parti parce qu’ils sont en grande difficulté sociale et se sentent incompris ou laissés au bord de la route.

Ni consigne de vote, ni prise de position, ce sont des « points de repère » et des « critères de discernement » qu’ont choisi de donner les évêques[2] en  renvoyant à leurs déclarations précédentes de juin et d’octobre 2016. Mais sont-ils si nombreux ceux qui lisent les textes des évêques, y compris parmi les catholiques – et surtout parmi ceux qui sont tentés par le FN – d’une part, et, d’autre part, comment se contenter de donner des points de repères hors contexte tout en refusant de prendre position quand le candidat du FN est au second tour des présidentielles et risque de  l’emporter ??! Il y avait là un réel danger qui exigeait de la part des évêques de France non seulement de « retrouver le sens du politique[3] » mais aussi de LA politique, en nommant le danger et en opposant ensemble un NON AU FN !

En me rappelant la façon dont l’évêque d’Hippone, St Augustin, se situait devant sa communauté chrétienne : « Pour vous, je suis évêque ; avec vous, je suis chrétien[4] », j’aurais souhaité qu’au moment où la démocratie était menacée dans notre pays, nos évêques ne restent pas en retrait mais s’affirment aussi comme citoyens et qu’ils puissent nous dire, en ajoutant un mot à ceux de St Augustin : « Pour vous, nous sommes évêques ; avec vous, nous sommes chrétiens et citoyens. »

[1] Cf. Tribune de La Croix du 22/05/2017, p. 33 : Episcopat et scrutin présidentiel, une occasion manquée ?

[2] Cf. Mgr Pontier, La Croix du 11/05/2017

[3] Cf. Sous-titre du document des évêques publié en oct. 2016.

[4] St Augustin.- Sermon 340, 1