Avec la Semaine de la Fraternité, le dialogue interreligieux se structure à Toulouse

 

Découvrir et mieux connaître la religion de l’Autre, c’est l’entreprise visée par la Semaine de la Fraternité organisée à Toulouse du 12 au 22 septembre. Une initiative qui signe la très bonne entente entre les responsables cultuels de la région, un an après la signature d’une charte de la fraternité soutenue par les pouvoirs publics.

A Toulouse, quatre ans après les tueries de Toulouse et de Montauban, les responsables des cultes organisent la Semaine de la fraternité du 12 au 22 septembre. Un événement qui fait suite aux engagements pris lors de la signature d’une charte en mars 2015.

Vivre ensemble passe par l’entre-connaissance. A Toulouse, une semaine entière dédiée au dialogue interreligieux est organisée du lundi 12 au jeudi 22 septembre. Plusieurs soirées des religions sont programmées, qui se déclinent en rencontres avec le grand public dans divers lieux de culte de la ville rose : catholique, protestant, juif, musulman, anglican, orthodoxe et bouddhiste. A chaque soir, et durant deux à trois heures, un lieu différent où débattre et échanger avec des responsables religieux afin de briser tabous et préjugés, ceci à travers des visites groupées et guidées.

Des journées portes ouvertes des lieux de culte sont régulièrement organisées à Toulouse mais c’est la première fois que sont organisées sept soirées des religions sur une période bien définie. « C’est la première édition sous ce format », nous confirme Abdellatif Mellouki, vice-président et porte-parole du Conseil régional du culte musulman (CRCM) Midi-Pyrénées, qui souhaitait, avec les autres responsables de culte, faire inscrire la Semaine de la Fraternité dans les Journées européennes du patrimoine (JEP) les 17 et 18 septembre. « On voulait la faire coïncider avec les JEP mais ouvrir tous les lieux de culte le même jour et en même temps est difficile et même impossible donc on a choisi d’étaler les rencontres », explique Abdellatif Mellouki.

La Charte de la fraternité en action

L’événement est à l’initiative du groupe de travail des signataires de la Charte de la fraternité signée le 19 mars 2015 par tous les représentants du culte de la région,* en présence du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et de la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem. L’engagement pris « se concrétisera par la production de documents et l’organisation d’événements destinés à l’ensemble de la population », lit-on en conclusion de la charte.

« La dynamique a commencé en 2012 après les attentats de Toulouse et de Montauban. Elle a permis la création d’un collectif à travers lequel des rencontres sont organisées, qui a abouti à la Charte de la fraternité », rappelle le responsable du CRCM. Depuis, un voyage interreligieux a été organisé au Maroc durant une semaine.

Signe du soutien des pouvoirs publics, la Semaine de la Fraternité s’achève par une conférence ouverte à tous donnée le jeudi 22 septembre à la préfecture de la Haute-Garonne par Jean Thévenot, président du conseil de l’ordre des médecins de la Haute-Garonne, sous la thématique « Laïcité et spiritualité au quotidien : l’exemple de la santé ». En effet, le Conseil de l’ordre des médecins a élaboré l’ouvrage collectif « Soins et Laïcité au quotidien ».

Publié fin 2015, le guide réunit les points de vue des religions sur des questions comme le don d’organes, la contraception ou encore l’avortement. Jean Thévenot « a sollicité pour cela tous les représentants des cultes qui ont été invités à exprimer leurs avis », fait part Abdellatif Mellouki, qui salue « un travail de partenariat concret ». Comme l’est aujourd’hui la Semaine de la fraternité.

 

Extraits de la Charte de la fraternité

« Très marqués par les événements dramatiques qui se sont déroulés à Montauban et à Toulouse, et plus récemment à Paris et en Europe, les signataires de la présente charte souhaitent envoyer à l’ensemble des citoyens un message commun.

(…) Cette charte constitue un message de paix et de fraternité : nous refusons toute forme de violence quelle qu’en soit la justification. Nous rappelons à ce titre notre considération envers toutes les religions, et nous engageons chacun à promouvoir activement le respect des différences.

En rédigeant cette charte, nous rappelons haut et fort la confiance que nous accordons aux valeurs républicaines qui constituent les fondements de notre société démocratique : liberté, égalité, fraternité. Nous sommes attachés au principe de laïcité qui établit la séparation de l’Etat et des cultes, garantit leur libre organisation, et permet à chacun de choisir et pratiquer une religion ou non, dans le respect du bien commun.

Nous dénonçons haut et fort la référence à quelque religion que ce soit pour légitimer la violence, justifier des crimes et autres actes portant atteinte aux personnes, biens, institutions et symboles. (…) Nous plaçons notre espoir dans l’éducation et l’ouverture des jeunes à la connaissance du fait religieux avec ses différentes composantes, traditions et interprétations. C’est ainsi que seront brisés les clichés et préjugés, pour promouvoir le vivre ensemble fraternel et pacifique de la communauté nationale.

Nous récusons la concurrence mémorielle et la hiérarchisation de la souffrance.

Nous croyons que l’amour et la justice l’emporteront sur la haine et l’exclusion. Telle est notre espérance.

Les institutions signataires veulent promouvoir ensemble les valeurs de cette charte. Elles engagent un travail dynamique et visible afin de contribuer activement à la paix, au respect et à la fraternité au sein de la communauté nationale. »

*Charte signée par Mohamed Hajji, président du Conseil régional du culte musulman Midi-Pyrénées, Révérend Chanoine Andrew Hawken, chapelain de l’Église anglicane de Midi-Pyrénées et de l’Aude, François Lecointre, représentant de l’Union bouddhiste de France Midi-Pyrénées, Mgr Robert Le Gall, archevêque métropolitain de Toulouse, Jean-claude Walrawens, délégué de la Fédération protestante de France, et Harold Avraham Weill, rabbin de Toulouse et de la Garonne.