APPEL POUR LA PAIX DU PERE MANUEL MUSALLAM, CURE A GAZA DE 1995 à 2009

Ce qui se passe à Gaza ne surprend probablement aucun d’entre nous tant la pression quotidienne qu’entretient le gouvernement israélien d’extrême droite de M. Netanyahu sur cette terre de douleur et sur l’ensemble de la Palestine est de plus en plus insupportable. Bien sûr, la violence qui répond à la violence est toujours déplorable et retarde toujours un peu plus le plus petit commencement de paix. Bien sûr, les extrémismes d’où qu’ils viennent et l’instrumentalisation de quelque religion que ce soit (et aucune n’y échappe) font naître et grandir dans tous les camps la haine réciproque. Ne soyons pas naïfs : tel est l’objectif des ennemis de la paix.

 

Mais ces considérations, si justes soient-elles, ne doivent jamais – et particulièrement ces jours-ci – nous faire oublier ce qui explique, en premier lieu et en priorité, la violence d’aujourd’hui comme celle d’hier, à Gaza et en Cisjordanie : l’occupation de la terre de tout un peuple et l’humiliation quotidienne qu’elle entraine depuis 60 ans.

Des occupants contre des occupés, des dominants contre des dominés : tel est bien le résumé indiscutable du conflit israélo-palestinien. Autrement dit, un conflit colonial classique dans lequel l’occupant s’acharne à refuser à l’occupé la propriété de sa terre et son droit à l’autodétermination.

Tel est aussi, très précisément, le sens de l’appel inquiet que vient de nous adresser le père Manuel Musallam, curé à Gaza de 1995 à 2009. Ce juste sait de quoi il parle, lui qui a partagé avec les Gazaouis les atroces souffrances de l’opération “Plomb durci” en 2008/2009. Mais il sait aussi de quoi il s’agit au-delà de l’épisode cruel d’un moment que le monde politique international et l’univers médiatique oublieront rapidement. Comme d’habitude. Rien ne peut se comprendre ni se résoudre du conflit israélo-palestinien, rappelle avec force Manuel Musallam, si l’on ne prend pas en considération d’abord et avant tout ce qui en constitue la racine et le cœur : l’occupation des Territoires palestiniens au mépris du droit international et l’humiliation mortifère qui s’en suit.

Amis de Chrétiens de la Méditerranée, où que vous soyez, lisez attentivement l’Appel du père Musallam et faites-le connaître le plus largement possible autour de vous. N’hésitez pas non plus à lui dire par courriel ou par lettre votre solidarité avec les habitants de Gaza. Il la leur transmettra. Pour mieux comprendre ce qui se vit ces jours-ci à Gaza, vous pouvez aussi lire le livre d’entretiens « Curé à Gaza, un juste en Palestine », publié en 2010 aux Editions de l’Aube.

Abouna Musallam habite aujourd’hui dans sa famille, à Bir Zeit près de Ramallah. Il a désormais la responsabilité de la Commission islamo chrétienne en Palestine et du Département des chrétiens dont la présidence lui a été confiée par l’Autorité palestinienne en accord avec le patriarche de Jérusalem. Nous l’assurons une nouvelle fois de notre affection.

Aujourd’hui encore, Gaza et les Gazaouis ont besoin de notre solidarité active. La paix n’est pas matière à option.

Jean-Claude Petit

Président de Chrétiens de la Méditerranée

0608687454 – jcm.petit@wanadoo.fr

Adresse courriel du père Musallam : musallammanuel@yahoo.com

APPEL POUR LA PAIX DU PERE MANUEL MUSALLAM, CURE A GAZA DE 1995 à 2009

 

PLUS ON DONNE DU TEMPS POUR QUE LA PAIX SE CONSTRUISE, PLUS ELLE S’ELOIGNE, AU RISQUE DE NE JAMAIS ADVENIR !

PLUS LA GUERRE S’ACCROIT, PLUS ON S’ELOIGNE DE LA PAIX AVEC SON CORTEGE DE MORTS ET DE SOUFFRANCES INDICIBLES !

 

Chers Amis de France,

Paix et Joie dans le Christ Jésus !

 

Au sujet des événements de Gaza, je viens vous donner des nouvelles et vous lancer un appel. Les Gazaouis ne dorment pas la nuit en raison des bombardements incessants, et des tirs. Dix-huit personnes civiles sont mortes, notamment des enfants et des personnes âgées. Les voici de nouveau confrontés à l’insoutenable.

Cette situation de violence s’origine, pour les Palestiniens, dans la longue histoire de la dépossession et de l’occupation de leur terre (ici, Gaza), dans la destruction de leurs villages et dans la dispersion de milliers de réfugiés chassés de chez eux par Israël. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus acculés à une extrême pauvreté, et toujours et encore à l’humiliation quotidienne.

A Gaza, les habitants souhaitent avant tout récupérer leur maison, leur terre, leur vie, alors que l’Autorité d’occupation maintient, et même accroît son statuquo. C’est pourquoi les Palestiniens défendent leur pays et réclament l’ensemble de leurs droits, y compris celui au retour.

Israël humilie les habitants de Gaza. Il fait en sorte que le monde ne comprenne pas ce dont il s’agit. Ainsi préfére-t-il montrer avec force aux médias du monde entier qu’il est agressé, alors que c’est lui qui est l’auteur de ces malheurs à travers l’occupation insupportable et illégale de notre pays.

Il y a une perversion dans la présentation faite par Israël de maintenir l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie, sous couvert de défendre la liberté de son peuple. En réalité, il prive, par la force et l’illégalité, le peuple palestinien de sa liberté. Celui-ci ne peut que résister à tant d’injustice.

Israël défend l’occupation qu’il pratique depuis 60 ans au mépris du droit international ; il ne travaille pas pour la liberté de Gaza et de la Cisjordanie.

Le gouvernement israélien veut en réalité le statuquo, invoquant les menaces terroristes que les pères fondateurs du sionisme furent les premiers à utiliser à l’encontre des Anglais et des Palestiniens qui occupaient les lieux à l’époque.

Chers Amis de France, aidez-nous à faire entendre la vérité au monde, y compris dans votre propre pays !

Je veux profiter de cet appel pour attirer aussi votre attention sur le Saint Sépulcre, à Jérusalem, et sur l’ensemble des Lieux Saints visités par les croyants et les touristes du monde entier. Je dénonce ici la volonté de l’Etat d’Israël de vouloir récupérer des arriérés colossaux d’eau et d’électricité auprès des Eglises orthodoxes, catholiques, arméniennes, alors que la venue en grand nombre de pélerins assure une manne financière considérable au pays. Il s’agirait plutôt d’inverser la « donne », en demandant à l’Etat d’Israël de reverser ce qui revient légitimement aux Eglises.

En réalité, l’Etat d’Israël veut changer un statuquo établi depuis plusieurs décennies. Après que les Anglais aient libéré Jérusalem, tout comme la Jordanie, du joug ottoman, il était convenu de ratifier un statut de Jérusalem permettant son accessibilité à la communauté internationale et spécialement aux chrétiens et aux musulmans. Nous en sommes de plus en plus loin.

De plus, de quel droit l’Etat d’Israël s’autorise-t-il à assurer le maintien de l’ordre à l’intérieur du Saint Sépulcre ? Veut-il affaiblir l’Eglise tout entière ?

Aujourd’hui, les chrétiens autochtones de Jérusalem résistent à ces agissements. Il faut les soutenir. Je lance donc un appel aux chrétiens du monde entier. Mobilisez-vous pour que ces Hauts Lieux Saints de prière soient libérés de l’humiliation !

Je veux enfin vous faire part de la grave préoccupation qui s’empare des Chrétiens et des Musulmans, depuis que des israéliens extrémistes, de confession juive, incendient ici une église, là une mosquée et s’en prennent à des couvents de religieux et religieuses. Les croyants de chaque confession, unis dans le respect mutuel et soutenus par des Rabbins courageux, dénoncent la malveillance de tels actes.

Chers Amis de France, pour qu’enfin la paix advienne, les habitants de Gaza et avec eux tout le peuple palestinien ont plus que jamais besoin de votre compréhension, de votre soutien et de votre solidarité. Nous comptons sur vous.

Dans l’espérance de l’Avent qui approche et prépare la venue de l’Enfant-Dieu, je vous adresse mes fraternelles pensées.

Birzeit, vendredi 16 Novembre 2012

 

Abouna Manuel MUSALLAM

Membre de la Commission islamo-chrétienne

et président du département des Chrétiens