Alep sous les bombes, l’aide alimentaire s’épuise

 

Les chasseurs-bombardiers russes ont frappé hier pour le deuxième jour consécutif la province d’Idleb, dans le nord-ouest du pays. Six civils dont un enfant ont ainsi péri à Kafar Jales. « Les avions militaires russes ont visé toute la nuit et jusqu’au matin plusieurs régions d’Idleb », province contrôlée par une alliance de rebelles et de jihadistes, a indiqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

À Alep, les bombardements aériens et d’artillerie ont tué 35 civils, dont six enfants, ces dernières 24 heures dans les quartiers rebelles, et 21 autres dans le village de Batbo, à 40 km à l’ouest de la ville, selon l’OSDH. Yahya Arja, un secouriste des Casques blancs, a dit avoir « travaillé toute la nuit pour fouiller les décombres et en retirer les martyrs et les survivants ». Dans l’est d’Alep, l’hôpital pédiatrique, qui effectue 4 000 consultations par mois, et la Banque du sang, qui produit 1 500 poches de sang pour les hôpitaux, ont été endommagés par des barils explosifs, selon l’ONG Association des docteurs indépendants (ADI).

« Inexcusables »
Après un mois d’accalmie, la campagne de frappes relancée mardi par l’armée sur les quartiers rebelles d’Alep coïncide avec l’annonce par Moscou d’une nouvelle offensive, officiellement contre les jihadistes d’Idleb et de Homs (centre). L’armée russe possède une puissance de feu considérable grâce aux avions qui décollent du porte-avions Amiral Kouznetsov, arrivé la semaine dernière au large des côtes syriennes. Moscou a ainsi nettement renforcé le dispositif militaire mis en place depuis plus d’un an pour soutenir le régime du président Bachar el-Assad aux côtés de l’Iran ou du Hezbollah.
Les nouvelles frappes ont été qualifiées d’ « inexcusables » par Washington, qui soutient la rébellion dite modérée et a souvent accusé Moscou de viser les insurgés antirégime sous le couvert de bombarder les jihadistes. De son côté, le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konashenkov, lui a répondu en dénonçant une « rhétorique » basée sur des « mensonges » et soutenu que les avions russes n’avaient « pas mené de frappes sur Alep depuis 29 jours ».

« Nos dépôts sont vides »
Sur le plan humanitaire, la situation devient de plus en plus critique pour les 250 000 habitants d’Alep-Est, soumis à un siège implacable depuis le 17 juillet. Leurs provisions touchent à leur fin et le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué avoir effectué dimanche sa dernière distribution. « Nos dépôts sont vides, nous ne pouvons plus rien distribuer », a affirmé Ammar Qadah, le directeur d’al-Cham el-insaniya, une association caritative. Des volontaires ont distribué mardi ses derniers maigres sacs d’aides, a constaté un correspondant de l’AFP. L’Onu avait déjà averti la semaine dernière que les dernières rations alimentaires étaient en train d’être distribuées.
Dans la région septentrionale de Raqqa, la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) progressait dans le désert vers la « capitale » de facto de l’État islamique en Syrie. « Nous avançons même si les mercenaires (de l’EI) minent les villages avant de s’enfuir », a expliqué la commandante Rodi Derek, à Touwaylaa, récemment prise et en partie détruite. Les combats se concentraient hier autour du village de Tall el-Samane, à 35 km au nord de Raqqa.
Enfin, la coalition internationale contre l’EI ne soutient pas les opérations actuelles des forces turques et de leurs alliés rebelles pour reprendre à l’EI la ville d’al-Bab, dans le nord de la Syrie, a indiqué hier un porte-parole militaire américain. Les rebelles syriens et les forces turques veulent reprendre au groupe jihadiste cette ville de 100 000 habitants, mais ils ne bénéficient pas des frappes aériennes de la coalition, car l’opération a été lancée de manière « indépendante » par la Turquie, a expliqué le colonel américain John Dorrian, porte-parole militaire de la coalition.

(Source : AFP)