Abbas exhorte les Européens à reconnaître « rapidement » la Palestine – AFP

Abbas exhorte les Européens à reconnaître « rapidement » la Palestine
23/01/2018

En froid avec l’administration Trump, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé hier à Bruxelles les 28 États membres de l’UE à reconnaître « rapidement » la Palestine comme un État indépendant.
« Nous considérons vraiment l’Union européenne comme une véritable partenaire et amie, et, pour cette raison, nous appelons ses États membres à reconnaître rapidement l’État de Palestine », a plaidé M. Abbas, venu chercher le soutien des Européens après la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme la capitale d’Israël.
Pour le président de l’Autorité palestinienne (AP), « il n’y a pas de contradiction entre une reconnaissance et la reprise des négociations » de paix avec Israël.
Il a été reçu par la chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini, et les 28 ministres des Affaires étrangères en marge de leur réunion mensuelle, comme l’avait été le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 11 décembre.

En l’accueillant, Mme Mogherini a redit « l’engagement ferme de l’UE pour la solution à deux États » (israélien et palestinien), « avec Jérusalem comme capitale partagée ».
« Ce n’est pas le moment de se désengager » du processus de paix, a lancé Mme Mogherini, alors que la direction palestinienne refuse désormais de considérer les États-Unis comme un médiateur « légitime » et que Mahmoud Abbas a accusé Israël d’avoir « mis fin » aux accords de paix d’Oslo (1993), censés conduire à un règlement négocié du conflit israélo-palestinien.
La visite de Mahmoud Abbas à Bruxelles coïncidait avec une tournée sous tension du vice-président américain Mike Pence au Proche-Orient (Égypte, Jordanie et Israël), boycottée par les Palestiniens (voir par ailleurs).

« Masse critique »
L’UE veut contribuer à relancer les négociations de paix pour sauvegarder la solution à deux États, mais la reconnaissance d’un État palestinien n’est pas aujourd’hui sur la table.
« Il n’y a pas de “masse critique” pour reconnaître un État palestinien », a reconnu le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn. Certains États membres pourraient cependant bientôt franchir le pas, comme la Slovénie, selon des sources palestiniennes.
Tout au plus, les Européens envisagent de proposer la perspective d’un « accord d’association » entre l’UE et l’AP, comme il en existe un avec Israël.
La France et l’Espagne, notamment, y sont favorables. « Nous voulons passer d’un accord intérimaire à un accord d’association et qu’on engage dès à présent un processus dans cette direction », a plaidé le Français Jean-Yves Le Drian.
Mais l’idée n’a pas été discutée avec M. Abbas, selon Mme Mogherini, précisant que la discussion se poursuivrait entre les 28 « dans les prochaines semaines ». « Nous n’en sommes qu’à une étape très préliminaire », avait déjà prévenu un haut responsable européen, expliquant qu’un accord d’association ne pourrait être signé qu’à condition que l’UE ait reconnu la Palestine comme un État indépendant.
Malgré le rappel constant des « positions inchangées » de l’UE – sur la solution à deux États dans les frontières de 1967, la colonisation israélienne ou le statut de Jérusalem –, les 28 ne peuvent masquer des « divergences de vues et des différences d’approches », reconnaît-on à Bruxelles.
Mme Mogherini a néanmoins promis que l’UE, premier bailleur de l’AP, poursuivrait son aide financière après le gel partiel des fonds américains à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Une sanction qui, selon M. Abbas, revient à « abandonner les réfugiés palestiniens ». Une réunion du groupe international des donateurs pour la Palestine est d’ailleurs programmée le 31 janvier à Bruxelles.
Si le conflit israélo-palestinien était le plat de résistance de la réunion ministérielle, les discussions ont porté aussi sur deux autres préoccupations : la Libye, où l’UE s’applique à soutenir les efforts de l’ONU pour aider des migrants retenus dans des centres de détention à retourner dans leur pays, et l’Iran, après la remise en cause par Donald Trump de l’accord nucléaire.