Que symbolise l’Aïd-El-Kébir, la « fête du sacrifice », dans la tradition musulmane ? – La Croix

Que symbolise l’Aïd-El-Kébir, la « fête du sacrifice », dans la tradition musulmane ?

La grande fête de l’Aïd-el-Adha, également connue sous le nom de l’Aïd-El-Kébir, a débuté en France vendredi 1er septembre et s’étale sur trois jours. Elle marque pour les musulmans la fin de la période du pèlerinage à La Mecque, l’un des cinq piliers de l’islam.

Elle se tient chaque année au lendemain du grand rassemblement des pèlerins sur le Mont Arafat, une colline de granit située à une vingtaine de kilomètres à l’est de La Mecque. À partir de ce vendredi 1er septembre, les musulmans de France célèbrent, pendant trois jours, la grande fête de l’Aïd-el-Adha – aussi appelée Aïd-El-Kébir –, pour marquer la fin du « hadj », le traditionnel pèlerinage annuel dans la cité saoudienne.

Avec l’Aïd-el-Fitr célébrant la fin du Ramadan, l’Aïd-el-Adha est considérée comme l’une des plus grandes fêtes de l’islam. Son ouverture officielle peut légèrement varier dans le monde d’un pays à l’autre. En France, sa date est fixée chaque année par le Conseil français du culte musulman (CFCM), à partir du calendrier lunaire, et elle se tient le dixième jour du mois de Dhou al Hijja, le dernier mois du calendrier musulman.

La grande « fête du sacrifice »

Dans la tradition musulmane, l’Aïd-el-Adha commémore la soumission d’Ibrahim – Abraham dans la Bible – à Dieu, vers 2000 avant Jésus-Christ. « Ce rite évoque un événement historique important chargé de symbole », rappelait, dans son prêche publié en 2014 sur le site de la Grande mosquée de Paris, le grand mufti Djelloul Bouzidi. « Il s’agit du sacrifice d’Ismaël par son père Ibrahim, par soumission à l’ordre divin et par obéissance absolue, à la suite de l’inspiration reçue dans un songe », poursuivait-il alors.

Dans le Coran, il est indiqué qu’Ismaël, élevé dans la foi, se plie sans sourciller à l’exhortation divine : « Ô mon cher père, fais ce qui t´est commandé : tu me trouveras, s´il plaît à Allah, du nombre des endurants » (Coran 37, 99 à 112). Mais à l’instant où Ibrahim s’apprête à égorger son fils, l’archange Jibril (Gabriel), envoyé par Allah, remplace au dernier moment l’enfant par un bélier. Selon les écritures saintes musulmanes, l’événement aurait eu lieu à proximité de La Mecque. En commémoration de cet épisode, les fidèles sacrifient donc un animal – le plus souvent un mouton, mais parfois aussi une chèvre ou un bovin – lors de l’Aïd-el-Adha.

Un sacrifice aux règles encadrées

Cet animal ne doit pas être tué – ni même assommé – avant la saignée, qui doit se faire, selon la tradition, avec un couteau parfaitement effilé. D’après la loi islamique, c’est au chef de famille d’accomplir la tâche sacrificielle, en couchant l’animal sur son flanc gauche, la tête tournée vers La Mecque. Il ne peut opérer qu’après la prière de l’Aïd, qui se déroule environ une vingtaine de minutes après le lever du soleil, suivie d’un prêche de l’imam.

Le mouton doit ensuite être partagé en trois parts égales : une qui revient à la famille, une autre pour les voisins et les amis, et enfin la dernière, composée des meilleurs morceaux, pour les plus nécessiteux. Cet événement « symbolise aussi la vertu du partage et de la fraternité en ce jour », rappelait encore le mufti Djelloul Bouzidi. Placée sous le signe de la solidarité, cette fête est donc l’occasion, pour les musulmans, de resserrer les liens de la communauté.

En France, les fidèles sont invités, cette année, à se recueillir, lundi 4 septembre, dans les mosquées, où la prière solennelle a généralement lieu vers 8 heures 30 ou 9 heures. Ils se rendront ensuite dans la foulée dans les abattoirs pour égorger le mouton.

Une fête consacrée à l’aide aux migrants

« Le nom d’Abraham réveille chez les chrétiens la volonté de Dieu de s’adresser à la multitude des hommes »,ont souligné, dans un communiqué publié début septembre, Christine Fontaine et le Père Michel Jondot, deux responsables de la Maison islamo-chrétienne, qui œuvre depuis une vingtaine d’années pour le dialogue interreligieux en banlieue parisienne.

« Ils souhaitent unir leurs efforts aux vôtres pour que nous soyons ensemble au service (…) des peuples qui souffrent de la guerre, de la faim ou du manque de liberté », poursuivent-ils, alors que le CFCM a suggéré que les fonds collectés à l’occasion de l’Aïd-el-Adha 2017 puissent être consacrés à l’aide aux migrants, et a appelé les fidèles « à inviter les réfugiés (…) afin de soulager leur souffrance ».

Malo Tresca