RFI – Le peuple turc manifeste sa colère après le double attentat d’Ankara

 

Après le double attentat qui a fait au moins 97 morts ce samedi 10 octobre devant la gare principale d’Ankara, des milliers de personnes se sont rassemblées à Istanbul et dans plusieurs villes du sud-est du pays pour exprimer leur émotion et leur colère envers le gouvernement turc. Des manifestations pro-kurdes se sont également déroulées en Europe, notamment en France, en Allemagne ou en Suisse.

 

Immédiatement  après les attentats, des rassemblements spontanés ont éclaté à Ankara, bien sûr, mais aussi dans de nombreuses villes du pays, pour exprimer l’émotion et la colère de la population. Comme à Istanbul, le slogan favori des manifestants traduisait le rejet du président de la République, Recep Tayyip Erdogan, traité de « voleur », et d’ « assassin ».

En marge de ce rassemblement, une mère de famille a du mal à retenir ses larmes et sa colère. « Même en mourant, nous apporterons la paix ici. Même si nous devons tous mourir, la paix viendra dans ce pays. C’est en nous sacrifiant que nous apportons la paix. Les enfants sont partis en morceaux, en morceaux, véritablement ! Ils sont comme cela, ces ignobles. Mais même ainsi, la paix viendra. Ils les ont massacrés… Même la capitale ils en ont fait – comme les villes de Djizre, Nusaybin ou Mardin – une mer de sang. »

Une tension qui n’est pas près de retomber

Quand parfois les plus extrémistes ont entonné l’hymne de la rébellion kurde, la police est intervenue pour disperser les manifestants, mais sans violence. A Izmir, il y a eu quelques interpellations, mais dans l’ensemble, il n’y a pas eu d’incident grave.

Malgré tout, la tension n’est pas près de retomber dans le pays. Les syndicats ont annoncé deux jours de grève à partir de lundi. Au moins jusqu’aux élections législatives du 1er novembre, l’ambiance restera électrique après ce samedi noir qui restera comme le plus sanglant de l’histoire de la République.


Retour sur les faits

A 10 heures locales (7 heures TU), deux fortes explosions ont secoué les alentours de la gare centrale d’Ankara, où des milliers de militants venus de toute la Turquie à l’appel de plusieurs syndicats, d’ONG et partis de gauche se rassemblaient pour dénoncer la reprise du conflit entre Ankara et les rebelles kurdes. Les déflagrations ont transformé l’esplanade, jonchée de corps sans vie, en scène de guerre et provoqué une panique dans la foule.

Le président Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une « attaque haineuse contre notre unité et la paix de notre pays » et promis « la réponse la plus forte » contre ses auteurs. Le Premier ministre Ahmet Davutoglu a lui affirmé détenir de « fortes preuves » que l’attentat avait été commis par deux kamikazes. Il a annoncé trois jours de deuil national.

De son côté, le principal parti pro-kurde de Turquie, qui appelait à cette mobilisation de samedi en faveur de la paix, a mis en cause le gouvernement. « Nous sommes confrontés à un Etat meurtrier qui s’est transformé en mafia », a réagi le chef de file du Parti démocratique des peuples (HDP), Selahattin Demirtas.

Cet attentat intervient à trois semaines des élections législatives anticipées du 1er novembre, dans un climat de forte tension nourri par les affrontements meurtriers entre les forces de sécurité turques et le PKK dans le sud-est à majorité kurde du pays.

RFI

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