Titre

L’Histoire occultée des Palestiniens, 1947-1953

Auteur

Sandrine Mansour-Mérien

Type

livre

Editeur

Privat, Toulouse, 2013

Collection

Histoire

Nombre de pages

238 p.

Prix

17 €

Date de publication

17 janvier 2015

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L’Histoire occultée des Palestiniens, 1947-1953

L’auteur, Sandrine Mansour-Mérien, historienne et chercheur au CRHIA[1] de l’université de Nantes, est née d’un père palestinien et d’une mère française. À travers cet ouvrage, elle relit l’histoire vécue par les Palestiniens, des débuts du mouvement sioniste à la période de la Nakba, officiellement de 1947 à 1953, dont la réalité des faits a été partiellement occultée par l’État d’Israël et par le monde occidental.

Officiellement, la Nakba, la « catastrophe », période d’extension territoriale des Juifs en Palestine et d’expulsion des populations, commence à la date de la création de l’État d’Israël. Mais, pour Sandrine Mansour-Mérien, elle a commencé, contrairement à l’histoire officielle, bien avant le vote du plan de partage de la Palestine de décembre 1947 et s’est prolongée jusqu’au massacre de Kibya en octobre 1953.

La Nakba trouve en fait son origine dans le mouvement sioniste qui remonte à la fin du XIXe siècle à l’époque où, en 1882, une colonie juive anglaise s’installe en Syrie. L’auteur fait état d’une première lettre de protestation  s’opposant à l’immigration de Juifs d’Europe datée de 1891, et signée de notables palestiniens de Jérusalem, adressée à l’autorité ottomane d’alors. En 1897, Théodore Herzl, journaliste juif, organise, à Bâle, le premier congrès juif mondial, à la suite duquel l’Organisation sioniste mondiale voit le jour.

Sandrine Mansour-Mérien évoque ensuite les échanges de 1915 entre Mac-Mahon et le chérif Hussein de la Mecque avec la promesse d’une autonomie arabe, l’accord Sykes-Picot de 1916 qui stipule que la Palestine doit être internationalisée et la déclaration Balfour de 1917 qui consacre l’établissement d’un foyer national juif en Palestine[2]. Les Britanniques, en tant que mandataires, présents depuis 1920, se retirent en 1946 remettant leur mandat à l’ONU nouvellement créée. Enfin, c’est la proclamation de l’État d’Israël, le 14 mai 1948.

Le livre souligne que, jusqu’à l’arrivée des Juifs d’Europe dans la période 1905-1907, qui décident de boycotter la main d’œuvre locale, les Juifs orientaux étaient assimilés à la population locale et les relations avec les Arabes, musulmans et chrétiens, était bonnes. Face à l’accroissement de l’immigration, le mouvement de protestation des Palestiniens monte en puissance sous diverses formes, comme par exemple le premier Comité islamo-chrétien créé en 1918 par des chrétiens et des musulmans, ou l’action de femmes palestiniennes constituant en 1929 un comité qui prend le nom d’Association de la femme arabe de Palestine.

Malgré cela, le mouvement sioniste se développe et n’a de cesse d’étendre sa mainmise territoriale sur la Palestine, avec la complicité des Britanniques qui ont été dans l’incapacité de mettre en œuvre la déclaration Balfour dans le cadre de leur mandat, pas plus que les pays arabes, aux intérêts divergents, n’ont été capables de défendre la cause palestinienne. Les Palestiniens conserveront finalement le sentiment d’avoir été trahis par tous.

La nécessité de sauver la mémoire des événements n’est apparue que très récemment. C’est seulement au milieu des années 70 que la recherche universitaire s’est axée sur le témoignage des faits vécus et subis personnellement par les réfugiés palestiniens : violences, meurtres, perte de leurs biens et de leurs terres, etc. Les sources sont aujourd’hui suffisamment nombreuses et fiables pour un travail de réécriture de l’histoire. C’est ce à quoi s’est employée l’auteur en replaçant la Nakba dans une perspective historique nourrie d’archives nouvellement ouvertes et de textes d’historiens, tant palestiniens qu’israéliens.

Cet ouvrage contribue grandement à la connaissance de l’histoire palestinienne et ne peut qu’intéresser tous ceux qui cherchent à comprendre les événements d’aujourd’hui. Sandrine Mansour-Mérien le relève dans sa conclusion, il ne fait aucun doute pour elle que la Nakba est à l’origine de la destruction du pays dans sa géographie, mais aussi de la destruction de la société palestinienne et de l’identité palestinienne. D’où la nécessité de rappeler, comme le tente ce livre, selon les propos mêmes de son auteur, que la Palestine est un peuple qui a son histoire, sa société et qui a le droit d’exister.

Louis Boulanger

 


[1] Centre de Recherches en Histoire Internationale et Atlantique

[2] « Étant clairement entendu – précise le texte – que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine… »