Titre

La vocation des chrétiens d’Orient

Sous titre

Défis actuels et enjeux d’avenir dans leur rapport à l’islam

Auteur

Marie-Hélène Robert et Michel Younès

Type

livre

Editeur

Karthala, juin 2015

Collection

Chrétiens en liberté

Nombre de pages

257 p.

Prix

19 €

Date de publication

4 mars 2016

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La vocation des chrétiens d’Orient

Le titre de cet ouvrage, « La vocation des chrétiens d’Orient », reprend celui du colloque universitaire international qui s’est tenu à Lyon en mars 2014, à l’initiative du professeur Michel Younès, directeur du Centre d’études des Cultures et des Religions (CECR) à l’Université catholique de Lyon, dont il réunit les actes.

Depuis sa tenue, la crise que traversent l’islam et les pays arabes, et que subissent les minorités religieuses au Moyen-Orient, n’a fait, hélas, que s’aggraver. Au point que, dans plusieurs des pays concernés, la présence des chrétiens paraît menacée d’extinction, malgré la profondeur des racines historiques et culturelles qui les relient à ces territoires. C’est contre cette logique de la disparition que s’inscrivent les contributions à cet ouvrage, en montrant à quel point une telle évolution serait dommageable pour ces pays eux-mêmes, et compromettrait les chances que ces sociétés accèdent enfin à un réel respect des libertés individuelles et publiques.

Mais quelles sont les ressources disponibles, du côté des musulmans comme des chrétiens d’Orient, pour faire évoluer l’attitude des musulmans vis-à-vis des autres, comme vis-à-vis d’eux-mêmes, en s’opposant au fanatisme identitaire qui menace toute forme de diversité et de pluralisme dans cette région du monde ?

Alors que le salafisme apparaît à Michel Younès comme une « tentation permanente des sociétés musulmanes » (p.60), la situation des chrétiens est un des critères majeurs de la capacité d’une société arabe à aborder l’altérité.

En retour, l’investissement des chrétiens d’Orient dans les actions éducatives et hospitalières, en s’interdisant tout prosélytisme, contribue de façon essentielle à la possibilité de vivre ensemble. C’est en dépassant le cloisonnement culturel entre traditionalisme oriental et modernisme occidental, que les chrétiens d’Orient pourront participer à l’entrée de l’islam dans une forme de modernité, nourrie par une expérience religieuse féconde.

Relever un tel défi, alors qu’un fanatisme identitaire menace ou ravage beaucoup de ces pays, paraît à plusieurs intervenants au colloque comme d’autant plus difficile là où prévaut l’éparpillement des chrétiens entre des chapelles concurrentes. Un dialogue œcuménique renforcé entre les communautés chrétiennes d’Orient leur semble donc indispensable.

Le livre s’enrichit d’analyses très intéressantes des situations spécifiques des chrétiens, de leur rapport à l’État et à la société, et de leur contribution au dialogue inter-religieux, dans plusieurs pays  (Égypte, Jordanie, Liban…) et en Terre Sainte. Le rôle que peut jouer la diaspora, nord-américaine ou européenne, est également développé par plusieurs auteurs, pour qui elle est porteuse de visibilité pour les églises de leurs pays d’origine, mais aussi d’ouverture vers des sociétés laïques et pluralistes.

Seul un système socio-politique fondé sur une réelle citoyenneté peut rassurer les chrétiens des pays arabes, rappelle Mgr Louis Sako[1], patriarche de Babylone des Chaldéens, qui a tiré les conclusions du colloque. Une attente qui n’a rien perdu de son urgente nécessité.

Bertrand Wallon

 

[1] Cf. Recension de son livre : « Ne nous oubliez pas ! » par le fr. Anis Hanna o.p., dans Nos conseils de lecture