Titre

Du sionisme chrétien au document Kairos-Palestine

Sous titre

Colloque, 1er juin 2013, Paris.

Auteur

Les Amis de Sabeel-France et de Chrétiens de la Méditerranée

Type

livre

Editeur

Les Amis de Sabeel-France, décembre 2013

Prix

10 €

Date de publication

20 avril 2015

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Du sionisme chrétien au document Kairos-Palestine

L’objectif de ce colloque, organisé par les Amis de Sabeel-France en partenariat avec Chrétiens de la Méditerranée, était double : faire écho au document Kairos-Palestine, publié par les responsables de pratiquement toutes les Églises chrétiennes de Palestine en décembre 2009, et s’interroger sur la responsabilité, dans la situation dramatique de ce pays, des chrétiens du monde entier, en particulier des chrétiens occidentaux sionistes, – d’où le titre du colloque.

Deux universitaires, spécialistes reconnus de ces questions, présentent le sionisme chrétien.

Tout d’abord, Mme Katell Berthelot (CNRS/Université d’Aix-Marseille), démonte de façon magistrale l’argumentation des chrétiens sionistes. Elle pointe avec rigueur leur « lecture des textes rapide, sélective et orientée », leur interprétation problématique de la notion de Terre promise, et leur obsession de l’eschatologie qui les pousse à appliquer de façon aberrante les prophéties bibliques ou L’Apocalypse aux réalités contemporaines.

M. Sébastien Fath (Laboratoire GSRL, EPHE/CNRS), vient corroborer cette analyse en présentant « l’activisme sioniste évangélique », très présent aux États-Unis depuis la création de l’État d’Israël. Il brosse un tableau inquiétant du « lobby » que représentent ces 40 millions de chrétiens ayant une lecture fondamentaliste de la Bible quant à Israël et à la Terre promise et dont l’influence ne cesse, hélas, d’augmenter au plan politique depuis la victoire israélienne de 1967.

Mme Nora Carmi, du centre Sabeel de Jérusalem et responsable du réseau international Kairos-Palestine, présente ensuite le document Kairos-Palestine, texte à lire absolument car encore très actuel, la réalité qu’il décrit ayant même empiré depuis 2009. Mme Carmi déplore que « ceux qui se sont opposés au document n’ [aient] pas su y voir le langage de l’amour et de l’espérance malgré la souffrance ». Elle rappelle l’Église à sa mission prophétique et souligne que les chrétiens palestiniens visent à mettre tout en œuvre, de manière non-violente, « afin de parvenir enfin à la justice et à la réconciliation ».

Mgr Elias Chacour, jusqu’en janvier 2014, archevêque de Galilée de l’Église melkite à Haïfa, qui appartient au « petit reste » des chrétiens de Galilée, choisit pour sa part de dire à quoi ressemble concrètement la vie d’un Palestinien arabe chrétien vivant en Israël, mais  considéré comme un « citoyen israélien de seconde classe ». Témoignage précieux qui relève de nombreuses situations d’injustice, mais fait ressortir aussi qu’il est toujours possible d’être acteur de paix et que les religions, loin d’être « une partie du problème », pourraient bien en être la solution.

Une table ronde est proposée ensuite, où plusieurs théologiens se prononcent sur la façon dont leurs Églises respectives (catholique, mennonite, orthodoxe et protestante) prennent en compte la question du sionisme, et dont elles réagissent ou ne réagissent pas au document Kairos-Palestine. Autant d’exposés qui donnent lieu à un débat très riche, provoquant questions, échanges animés et précisions dignes d’intérêt de la part des intervenants, des invités palestiniens en particulier.

Un livre à lire[1] pour en savoir un peu plus sur la situation de la minorité chrétienne arabe en Israël-Palestine, sa souffrance et son espérance, sur ce qu’elle attend de nous et l’aide que nous pouvons lui apporter. Un livre pour nous mettre en marche, pour sortir d’une problématique mortifère et entrer dans une dynamique d’espérance, à l’image de ces chrétiens quelque peu oubliés.

Monique Boulanger

 


[1]Les Actes de ce colloque peuvent être commandés à : Ernest Reichert – 12 rue du Kirchberg – F 67290 Wingen sur Moder – ernest.reichert@gmail.com