L’Europe et les réfugiés : Andrea Riccardi propose de convoquer un synode œcuménique des chrétiens européens

Le fondateur de Sant’Egidio dans Famiglia Cristiana :
« Convoquer rapidement un synode œcuménique des chrétiens européens. Les Eglises ne peuvent pas rester prisonnières des logiques institutionnelles ou des politiques de leur pays. Non aux murs : l’accueil est un devoir »

 

Le fondateur de la Communauté de Sant’Egidio Andrea Riccardi – soulignant le message fort d’accueil à l’égard de ceux qui frappent à la porte de l’Europe, que représente la visite de samedi prochain à Lesbos du pape François, du patriarche de Constantinople et de l’archevêque d’Athènes – lance dans les colonnes de l’hebdomadaire Famiglia Cristiana l’idée d’un synode œcuménique des chrétiens européens sur la question des réfugiés : « Les Eglises européennes ne peuvent pas rester prisonnières des logiques institutionnelles ou des politiques de leur pays, sans une vision de l’avenir. Je me demande si le moment n’est pas venu de convoquer les chrétiens européens en un synode œcuménique pour affronter la grande question des réfugiés et de l’Europe ».

Pour Andrea Riccardi, qui rappelle les paroles du pape François contre les « murs », l’accueil des migrants « est un devoir », mais aussi « un don » pour l’Europe en grave crise démographique.

Rome, 14 avril 2016

 

L’Europe et les réfugiés, convoquer un synode œcuménique des chrétiens européens

LE PAPE A LESBOS
Le moment est venu de convoquer les chrétiens européens pour affronter la grande question des réfugiés

Un immense poids est retombé sur les épaules d’un petit pays, tandis que, à commencer par la catholique Hongrie, des murs se dressent pour se défendre contre les réfugiés.

Lesbos est le nom d’un drame : les réfugiés arrivent sur les îles grecques pour fuir la guerre. La situation la plus connue est celle de la Syrie, dont les réfugiés ont migré au Liban, en Turquie et en Jordanie. La Grèce constitue le premier point d’abordage pour ceux qui viennent en Europe. A Lesbos, pour 90 000 habitants, il y a entre 7 et 10 000 réfugiés. La Grèce – il faut le dire –, malgré la crise, est généreuse envers eux. Le gouvernement apporte sa part. L’Eglise orthodoxe grecque, guidée par l’archevêque d’Athènes, Hieronimos II, déploie une intense activité d’accueil dans une action coordonnée par le métropolite Gabriel.
En septembre 2015, le pape François a demandé à chaque paroisse européenne d’accueillir les réfugiés. L’appel n’a pas obtenu la réponse qu’il méritait. Toujours en septembre, dans un message communiqué à la Rencontre dans l’Esprit d’Assise à Tirana, le pape avait dit : « Dresser des murs pour bloquer ceux qui cherchent un lieu de paix est aussi une violence. Refouler ceux qui fuient des conditions inhumaines est une violence ».
Aujourd’hui, François accomplit un geste très fort. Il se rend à Lesbos le 16 avril, accompagné de l’archevêque d’Athènes et des autorités grecques. Il y aura même le patriarche œcuménique Bartholomée, lequel exerce sa juridiction ecclésiastique sur l’île. C’est à lui que revient l’idée d’inviter le pape à Lesbos.
Le problème des réfugiés doit être affronté de manière œcuménique. L’initiative des couloirs humanitaires pour les réfugiés du Liban vers l’Italie a été mise en œuvre par l’Eglise vaudoise et la Communauté de Sant’Egidio avec le gouvernement italien. François montre que le drame des réfugiés interpelle la conscience chrétienne européenne. Les réfugiés sont des pauvres qui frappent à notre porte. Ils ne peuvent pas faire marche arrière : ils ont derrière eux le gouffre de la mort. Les accueillir est un devoir, mais c’est aussi un « don » pour une Europe en crise démographique à laquelle ils apportent une vigueur nouvelle. Les Eglises elles-mêmes dans plusieurs pays européens sont revitalisées par la présence des immigrés chrétiens. Au lieu de cela, on prêche la peur, qui fait grossir la file des différents partis du « mur ». François, le patriarche Bartholomée et l’archevêque d’Athènes lancent un message à travers leur voyage à Lesbos, qui représente symboliquement un pont entre l’Europe et le monde des réfugiés. Les Eglises ne peuvent pas rester prisonnières des logiques institutionnelles ou des politiques de leur pays, sans une vision de l’avenir. Je me demande si le moment n’est pas venu de convoquer rapidement les chrétiens d’Europe à un synode œcuménique, pour affronter la grande question des réfugiés et de l’Europe. Le pape peut le convoquer. Et avec lui, le patriarche Bartolomeo.

Cet article d’Andrea Riccardi est paru dans le n° 16/2016 de Famiglia Cristiana

 

http://www.riccardiandrea.it/2016/04/leuropa-e-i-profughi-convocare-un.html

 

Chrétiens de La Méditerranée s’associe pleinement à la proposition du Professeur Riccardi et souhaite que le Conseil Français des Églises Chrétiennes y apporte son appui et prenne les initiatives nécessaires pour y donner suite
Jean-Claude Petit,
President CDM