La Croix – Crise grecque, les évêques appellent à plus de démocratie

Après le référendum grec, les évêques estiment qu’il y a un déficit démocratique dans le fait que les décisions des institutions internationales s’imposent aux États de l’union européenne sans être soumises à discussion devant le Parlement européen.

 

Alors que les pays de la zone euro se réunissent, mardi 7 juillet, à Bruxelles pour un sommet de crise, deux jours après le choc du référendum grec, la Conférence des évêques de France (CEF) a publié, le même jour, un communiqué pointant « le déficit démocratique qui est pour beaucoup dans la suspicion des citoyens à l’égard des institutions européennes ».

Les évêques français appellent à la poursuite du dialogue entre « tous les États membres au sein des institutions européennes pour porter plus loin le processus de construction européenne et lui garantir un avenir ».

Responsabilité et solidarité

« L’inquiétude est vive chez les citoyens grecs autant que dans les autres pays membres. Face à cette situation, l’Église catholique tient à réaffirmer son soutien à la poursuite du processus de construction européenne » déclarent Mgr Georges Pontier, président de la CEF, Mgr Jean-Luc Brunin, président du Conseil Famille et Société et Mgr Jean-Pierre Grallet, représentant des évêques de France à la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE), signataires du communiqué publié par la CEF.

Les évêques disent « la nécessité d’articuler de façon équilibrée une double exigence : celle de la responsabilité de chaque pays membre et celle de la solidarité entre tous les États de l’Union européenne. »

La CEF pointe « le déficit démocratique qui est pour beaucoup dans la suspicion des citoyens à l’égard des institutions européennes », un déficit « particulièrement notable dans le fait que les responsables financiers et les institutions auxquelles ils appartiennent, déterminent des conditions et élaborent des décisions qui s’imposent aux États membres sans qu’elles soient soumises à discussion devant le Parlement européen ».

« Dans cette situation, nous appelons au dialogue entre tous les États membres au sein des institutions européennes pour porter plus loin le processus de construction européenne et lui garantir un avenir » poursuivent les évêques français.

Plus de démocratie

« La crise révèle la nécessité de mettre en œuvre des processus plus démocratiques » insistent-ils, appuyant leur analyse sur la récente encyclique Laudato si’du pape François  : « Le politique et l’économie, en dialogue, se mettent résolument au service de la vie humaine. Sauver les banques à tout prix, en en faisant payer le prix à la population, sans la ferme décision de revoir et de réformer le système dans son ensemble, réaffirme une emprise absolue des finances qui n’a pas d’avenir et qui pourra seulement générer de nouvelles crises » (Laudato si’, n° 189).

Par ailleurs, plusieurs personnalités de l’Église catholique en Grèce se sont également exprimées lundi 6 juillet au lendemain du référendum qui posait au peuple grec la question – rejetée par 61 % de « non » – de savoir s’il fallait accepter l’accord de rigueur budgétaire soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI).

Les évêques grecs dénoncent l’ambiguïté du non

Le président des évêques catholiques grecs, Mgr Franghiskos Papamanolis, a souligné l’ambiguïté du « non ». D’une part, en effet le texte du projet d’accord sur lequel les Grecs devaient se prononcer « n’avait pas encore été traduit en grec » a-t-il souligné. D’autre part, « si la question avait été : “Voulez-vous l’Europe ? Voulez-vous l’euro ?”, alors il y aurait eu 80 % de “oui” » a-t-il supputé. Dans la même ligne, le P. Antonio Voutsinos, président de Caritas Grèce, a affirmé : « Les urnes n’ont pas dit “non” à l’Europe et à l’euro, mais à toutes ces mesures d’austérité qui ne feront qu’augmenter la pauvreté de la population. »

Les catholiques représentent moins de 2 % des 11 millions d’habitants que compte la Grèce.

Christophe Chaland (avec SIR)