Israël et les USA au pied du mur – El Watan

Adhérer aux instances internationales est la seule «cartouche» contre les reniements israéliens.On est très loin d’Oslo…

En se soumettant aux conditions liées au processus de paix initié au lendemain de la première guerre du Golfe en octobre 1991, les Palestiniens avaient fondamentalement changé de stratégie. Le défunt leader palestinien Yasser Arafat déclarait, en mai 1992, qu’il «ne lui restait que la feuille de vigne». Très peu avaient alors perçu ces propos comme il se devait. Aussi devaient-ils se dire qu’il s’agissait d’un mal nécessaire, ou encore «un mal pour un bien». Effectivement, les Palestiniens se sont peut être fait mal, mais ils ont poussé jusqu’au bout la logique dénoncée jusque et y compris par les plus proches alliés d’Israël.

Pour confondre les défenseurs souvent zélés de ce que l’on appelle la légalité internationale, les Palestiniens ont décidé d’adhérer aux instances chargées de préserver et défendre cette dernière, et appeler les choses par leur nom. Et aussi, briser un cercle devenu terriblement étroit et donc contraignant en accentuant le rapport occupant-occupé. C’est ce rapport qui est désormais porté devant ces instances, amenées par voie de conséquence à procéder aux évaluations nécessaires, et dire la vérité, et rien d’autre.

Les Palestiniens ont donc décidé de mettre fin à une espèce de supercherie, qu’ils n’ont à vrai dire jamais voulu, mais en fin de compte acceptée, face à un rapport de forces qui a verrouillé tous les espaces, l’ONU en premier lieu. Malgré les menaces israéliennes proférées mercredi, rien ne semble faire changer d’avis les Palestiniens qui refusent d’apposer leur signature au bas d’un document stipulant la négation totale et définitive de leurs droits nationaux.

Abbas intraitable face à Kerry

En effet, le président palestinien Mahmoud Abbas a refusé de revenir sur la signature de 15 conventions et traités internationaux, malgré les menaces israéliennes, lors d’une conversation avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry, a annoncé hier un responsable palestinien. Lors de cette conversation téléphonique jeudi soir, annoncée de sources officielles américaines et palestiniennes, M. Kerry a demandé à M. Abbas de renoncer à ces demandes d’adhésion, a affirmé ce responsable.

Selon la même source, M. Abbas «a affirmé qu’il ne reviendrait pas sur sa signature d’accords internationaux», à commencer par les Conventions de Genève sur la protection des civils, paraphées mardi et transmises à l’ONU, à la Suisse et aux Pays-Bas, garants de ces textes. On se rendra compte aussi de la lassitude du leader palestinien qui a toujours fait preuve de prudence dès le lancement du processus d’Oslo en 1993. «Il n’y a pas d’accord historique», tenait-il à nous souligner dans ses bureaux à Tunis peu avant de rendre à Washington pour la cérémonie du 13 septembre.

Un accord aussitôt bloqué et à plusieurs reprises avant que le général Ariel Sharon, devenu Premier ministre en 2000, décrète la mort du processus en question. Ou encore et dès 1995, on disait de Benjamin Netanyahou alors Premier ministre, qu’il voulait «la paix et les territoires», détournant ainsi le sens du principe tendant à échanger «la paix contre les territoires». Aujourd’hui, les Palestiniens sont persuadés d’avoir tout donné, et rien reçu. Et comme le prouvent leurs différents soulèvements rien ne semble les arrêter. Mahmoud Abbas qui a eu à manifester son opposition à l’Intifadha armée, ne s’en est pas caché.

«Nos exigences ne sont pas nombreuses et les menaces des Israéliens ne font plus peur à personne, et ils peuvent faire ce que bon leur semble», a-t-il ainsi déclaré. Fini alors les tapes sur l’épaule et les sourires crispés. La répression israélienne sera encore plus forte, mais pour les Palestiniens, il était temps de mettre fin à un grossier mensonge, et pour leurs dirigeants, ne pas être accusés de trahison. Très certainement, de nouvelles données vont apparaître, avec une réelle implication des instances internationales, tenues à l’écart du dossier palestinien. Il s’agira pour elles de défendre des positions de principe, sans céder au chantage.

Kerry consultera Obama sur la conduite à tenir

Le secrétaire d’Etat John Kerry a indiqué, hier, qu’il évaluerait avec le président Barack Obama la position américaine sur le processus de paix israélo-palestinien plongé dans une nouvelle crise, et averti que le temps dont disposait Washington avait ses «limites». «Malheureusement au cours des derniers jours les deux parties ont pris des initiatives qui n’aident pas» les négociations de paix, a déclaré à la presse à Rabat M. Kerry qui, après neuf mois d’efforts intensifs, ne cache pas sa frustration devant le manque de progrès. Il a signalé qu’il allait s’entretenir dès «aujourd’hui» avec M. Obama.

«Nous allons évaluer précisément ce qu’il est possible et n’est pas possible de faire», a-t-il prévenu. John Kerry affirme qu’«Il y a des limites au temps et aux efforts que les Etats-Unis peuvent consacrer si les parties ne sont pas désireuses de faire des progrès», citant plusieurs autres dossiers chauds comme l’Ukraine, l’Iran ou la Syrie. «Nous n’allons pas rester assis là indéfiniment, ce n’est pas une démarche sans fin et ça ne l’a jamais été», a poursuivi le diplomate qui doit quitter en début de soirée le Maroc, dernière étape de sa première mission au Maghreb après une visite à Alger.

Mohamed Larbi
El Watan