Israël adopte une loi qui complique le partage de Jérusalem – AFP

Israël adopte une loi qui complique le partage de Jérusalem

Approuvée hier par 64 voix contre 51, la nouvelle loi israélienne sur Jérusalem balaie encore plus les espoirs d’une solution à deux États dans le conflit avec les Palestiniens. Un député de l’opposition israélienne a exprimé la crainte qu’elle ne provoque « un bain de sang ».

03/01/2018

Le Parlement israélien a adopté, hier, un projet de loi visant à compliquer le passage sous souveraineté palestinienne de certaines zones de Jérusalem dans le cadre d’un futur accord de paix. Approuvée par 64 voix contre 51, cette nouvelle loi balaie encore plus les espoirs d’une solution à deux États dans le conflit israélo-palestinien, moins d’un mois après la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
Proposée par une députée du parti nationaliste religieux Foyer juif, la loi adoptée hier prévoit que toute cession aux Palestiniens de ce qu’Israël considère comme faisant partie de Jérusalem nécessitera un vote à la majorité des deux tiers des députés. Elle permet également de modifier la définition « municipale » de Jérusalem, certains secteurs de la ville pouvant ainsi « être déclarés comme des entités séparées », selon un communiqué du Parlement. Un député de l’opposition israélienne a dénoncé une « loi pour empêcher la paix » et exprimé la crainte qu’elle ne provoque « un bain de sang ».

Déclaration de guerre
Pour le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat, les Israéliens prennent de telles décisions parce qu’ils bénéficient du soutien des États-Unis. « L’administration américaine adopte les positions de l’occupant », a-t-il affirmé hier, assurant que les Palestiniens allaient « se battre contre les tentatives américaines et israéliennes d’imposer des solutions ». Dans un communiqué, le bureau de M. Abbas a affirmé que la résolution de M. Trump et cette loi équivalaient à « une déclaration de guerre au peuple palestinien et à son identité politique et religieuse ». « Il s’agit d’un projet dangereux pour l’avenir de la région et du monde », ajoute le communiqué. Pour le président Abbas, les États-Unis ne peuvent plus jouer leur rôle historique de médiateur de paix. De son côté, le mouvement islamiste Hamas a appelé M. Abbas à déclarer la fin des accords d’Oslo et l’OLP à revenir sur la reconnaissance d’Israël.

Détentions prolongées
Par ailleurs, l’aviation israélienne a attaqué hier matin des positions du Hamas dans la bande de Gaza, après un tir de roquette en provenance de l’enclave palestinienne lundi soir. L’aviation a pris pour cible « un complexe militaire appartenant à l’organisation terroriste Hamas », a ainsi annoncé l’armée israélienne dans un communiqué. Des sources des services de sécurité palestiniens ont indiqué que ces raids avaient fait des dégâts, mais pas de victimes, et avaient frappé Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, et Deir el-Balah, dans le centre de l’enclave.
En Cisjordanie, la justice israélienne a, en outre, prolongé hier de six mois la détention sans procès d’une députée palestinienne, portant à au moins un an sa durée totale. Khalida Jarrar, 54 ans, a été arrêtée le 2 juillet pour des activités au sein du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Les accusations exactes portées à son encontre sont confidentielles, comme c’est généralement le cas avec les ordres israéliens de détention administrative.
Lundi, un tribunal militaire israélien avait déjà inculpé et prolongé d’une semaine la garde à vue de Ahed Tamimi, une Palestinienne de 16 ans apparue dans une vidéo devenue virale en train de frapper des soldats israéliens en Cisjordanie, selon son avocate. Douze chefs d’inculpation ont été retenus contre l’adolescente. Le tribunal a également retenu cinq chefs d’inculpation contre Nariman Tamimi, la mère de Ahed, impliquée dans le même incident, et prolongé sa garde à vue jusqu’à lundi prochain. Le procureur militaire a demandé le maintien en détention jusqu’au procès de la mère et de la fille.

Source : AFP