Interview de Mgr Fouad Twal, Patriarche Latin de Jérusalem

Le patriarche latin de Jérusalem Mgr Fouad Twal est longuement revenu sur la situation précaire des chrétiens de Jérusalem ainsi que sur le Printemps arabe dans un entretien au quotidien jordanien Al-Rai , mené lundi 3 octobre dernier, et dont le site Internet du Patriarcat latin de Jérusalem offre un résumé.

 

Sans avancer de chiffres précis sur le nombre d’émigrés, Mgr Twal a insisté sur le nombre « déroutant » des chrétiens restés dans la Ville sainte : « 10 000 chrétiens et 245 000 musulmans aux côtés de 455 000 juifs ».

 

Selon lui, toutefois, l’Église latine conserve toujours un rôle important dans le maintien de l’identité arabe de Jérusalem. Il a notamment souligné les efforts, « selon les moyens et les capacités à disposition », pour conserver une présence chrétienne par l’achat de certaines propriétés.

 

Assurer une présence à Jérusalem

 

La Custodie et le Patriarcat ne ménagent en effet par leurs efforts pour aider les chrétiens à obtenir des logements à Jérusalem, y compris en investissant eux-mêmes dans l’immobilier. Aujourd’hui le Patriarcat mène environ 10 projets de construction en cours pour des résidences et 82 appartements destinés à des jeunes couples devraient être achevés dans les deux mois à venir.

 

Mgr Twal aimerait d’ailleurs « posséder des millions pour acheter ces propriétés pour loger nos enfants à Jérusalem, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, dans le seul but de maintenir notre présence arabe ». Il explique d’ailleurs avoir demandé à ce sujet une aide financière au roi de Jordanie.

 

« La deuxième étape est notre volonté de proposer des offres de travail et d’emploi afin de permettre aux gens qui le souhaitent de rester à Jérusalem car c’est un objectif essentiel pour nous, tout comme l’eau et l’oxygène, pour assurer cette présence continue de la population à Jérusalem », a insisté le Patriarche

 

Les événements de Tunis et d’Égypte sont « sur la bonne voie »

 

Concernant le Printemps arabe, Mgr Twal relève que les événements de Tunis et d’Égypte sont « sur la bonne voie avec l’objectif d’émanciper les gens, leur donner la liberté, la justice et la démocratie ». Mais en ce qui concerne les événements dans d’autres pays arabes, il estime qu’on ne peut les considérer comme un Printemps Arabe, à cause des intérêts économiques et politiques les dominent. « En Libye, par exemple, on peut sentir l’odeur du pétrole », regrette-t-il.

 

Il confie que le changement pourra se poursuivre et rejoindre tout le monde, mais « par des moyens pacifiques, en apportant le changement et la stabilité au lieu du chaos et de la destruction ».