Dans son message de Pâques, le pape soutient les efforts de paix en Syrie

De la Syrie au Venezuela, en passant par l’Ukraine et l’Afrique, le pape François a exprimé, à la lumière de Pâques, son soutien à toute perspective d’apaisement dans le message précédant la bénédiction urbi et orbi.

« Chaque jour, les journaux sont pleins de nouvelles de crimes atroces, commis souvent dans les murs du foyer domestique, et de conflits armés, à grande échelle, qui soumettent des populations à des épreuves indicibles ». Devant ces crimes, ces conflits, ces épreuves, devant « ces vides, ces abîmes », le pape François a livré ce dimanche 27 mars un message tout empli de l’espérance que manifeste, pour les chrétiens, la résurrection du Christ à Pâques, qu’il a définie la veille durant la vigile pascale.
Après la messe célébrée en plein air place Saint-Pierre et juste avant la traditionnelle bénédiction urbi et orbi (à la ville et au monde) qu’il a donnée à midi depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre, sous un ciel à la lumière légèrement voilée, il a relevé dans les guerres, disputées en divers endroits de la planète, les signes fragiles de paix.

Négociations pour la Syrie
A commencer par la Syrie, en guerre depuis cinq ans, dont il a soutenu « les discussions en cours » afin notamment qu’elles assurent les « droits de tout citoyen », en allusion aux droits des chrétiens d’y demeurer.
De même, il a appelé à des « négociations directes et sincères » entre Israël et la Palestine – à qui le Saint-Siège reconnaît un statut d’État. Il a aussi appuyé « les efforts visant à trouver une solution définitive à la guerre en Ukraine ».

En direction de l’Afrique, il a souhaité « que les ferments d’espérance et les perspectives de paix aboutissent », citant le Burundi, le Mozambique, la RDC et le Sud Soudan. Au Venezuela enfin, où les conditions de sécurité continuent de se dégrader, le pape latino-américain a responsabilisé « tous ceux qui ont en main les destinées du pays ». Au total, il a cité 18 pays du monde.
« Ceux qui pourraient offrir un accueil et de l’aide aux réfugiés »
Préparé avec la diplomatie du Saint-Siège que dirige le cardinal Pietro Parolin, ce message pascal d’une dizaine de minutes reprend aussi des préoccupations internationales majeures que le présent pontificat ne cesse de mettre en avant.
Aux migrants et réfugiés qui font face au « refus de ceux qui pourraient leur offrir un accueil et de l’aide », aux chrétiens « persécutés pour la foi », devant aussi l’exploitation de la Terre et les « effets des changements climatiques », dépeints dans l’encyclique Laudato si’, le pape François a fait part de sa compassion et de sa proximité.
Il a cité également à cet égard les « victimes du terrorisme (..) dans les récents attentats en Belgique – l’ancien roi des Belges, Albert II et son épouse ont d’ailleurs assisté au premier rang à la messe –, en Turquie, au Nigeria, au Tchad, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et en Irak ». Pour ce pays, où un attentat-suicide après un match de football le 25 mars a fait 32 morts, le pape a adressé un message séparé de condoléances ce dimanche de Pâques.

Le dispositif de sécurité autour de la place Saint-Pierre, comme celui déployé tout au long des célébrations pascales à Rome, rappelait la menace en tout lieu de cette « forme aveugle et atroce de violence », comme il l’a qualifiée.
« Victimes des abus »
Au-delà des questions internationales d’actualité, le « pape des pauvres » s’est adressé au début de son intervention à tous « les affamés et les assoiffés, les étrangers et les prisonniers, les marginaux et les exclus » et, plus loin, aux « personnes âgées écrasées » et « aux jeunes qui pensent ne pas avoir d’avenir ». Il a aussi évoqué les « victimes des abus et de la violence », en allusion à ceux commis par le clergé, scandale qui continue d’éclabousser l’Église.

Gouffres et vides
Plus largement encore, son message comme sa vibrante prière au Colisée le soir du Vendredi saint, portent l’inquiétude de ce pape « face aux gouffres spirituels et moraux de l’humanité, face aux vides qui s’ouvrent dans les cœurs » et devant « ceux qui, dans nos sociétés, ont perdu toute espérance et le goût de vivre ».

Un goût que l’Église cherche justement à redonner par cette fête de Pâques, somptueusement fleurie place Saint-Pierre et pour laquelle, après un généreux tour au-delà de la piazza en papamobile ouverte au milieu de plus de 50 000 personnes, Jorge Bergoglio a donné au final sa bénédiction en latin, retransmise en mondiovision. Contrairement à ses prédécesseurs, et selon son habitude désormais établie, il n’a souhaité de joyeuses Pâques qu’en italien.

Sébastien Maillard (à Rome)