CCFD Terre Solidaire – Edito de Faim et Développement : Quelle société voulons-nous construire ? Par B.Pinaud

12 Février 2015

Il y a un peu plus d’un mois, la France était frappée par ces attentats barbares à Charlie Hebdo, puis au supermarché casher de la porte de Vincennes à Paris. Comme quasiment l’ensemble de la population française, au CCFD-Terre Solidaire, nous avons été choqués, sidérés.

Quelques heures après le massacre à Charlie Hebdo, le CCFD-Terre Solidaire a proposé au Secours catholique et au Secours islamique de France une parole commune. Car nous le pressentions, la population musulmane de France allait être une nouvelle fois stigmatisée par des courants extrémistes. Ce fut, hélas, le cas. Dans ce message conjoint, nous avons affi rmé que « nous croyons au dialogue plus fort que la terreur ». C’est ensemble, dans la diversité de ces signatures, que nous voulions l’affi rmer. Le dimanche 11 janvier 2015, à la demande du Secours islamique, en tant que dirigeants de ces trois organisations, nous avons marché côte à côte, dans cette incroyable et magnifi que manifestation républicaine. Et le lendemain, nous avons envoyé un message commun de solidarité et de fraternité à l’Union juive française pour la paix, membre, comme nous, du collectif Crid [1].

À travers ces démarches, le CCFD-Terre Solidaire voulait témoigner de la fraternité qui existe en France entre les différentes cultures et religions.

Au-delà de l’analyse des causes, de l’éclatement du Moyen-Orient, de la fanatisation de jeunes Français désœuvrés, allant jusqu’à tuer et se faire martyrs, nous sommes interpellés sur le type de société que nous voulons construire. Le sursaut citoyen du dimanche 11 janvier en dit quelque chose : liberté, laïcité, fraternité. Oui, nous sommes peuple français, divers, multiculturel, multi-religieux. Il n’est pas possible de construire la société sans aller à la rencontre de l’autre tel qu’il est, sans tenter de le comprendre, au-delà de nos préjugés.

Nous, CCFD-Terre Solidaire, association d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale, nous souhaitons rejoindre celles et ceux qui s’engagent, ici, pour le Vivre ensemble.

Nous continuerons aussi à soutenir, là-bas, des partenaires qui œuvrent pour construire la paix. C’est le cas au Tchad ou en République centrafricaine, avec la création d’espaces de rencontre entre chrétiens et musulmans. C’est aussi le cas en Birmanie ou au Sri Lanka, pour l’intégration des minorités dans la société.

Les associations œuvrant pour le droit des migrants se sont retrouvées, en décembre, pour le Forum social mondial des migrations. Nos partenaires ont échangé, entre eux, et avec des bénévoles de notre réseau « migration », sur leurs pratiques, leurs propositions pour construire ensemble nos sociétés. Ici, en France, nous avons beaucoup à apprendre de ce qui se fait dans les pays du Sud pour l’intégration des personnes migrantes, en particulier au Brésil et en Argentine (voir pages 17 et 20). C’est à ce Vivre ensemble que nous appelle le pape François : « J’exhorte les pays à une généreuse ouverture [aux migrants] qui, au lieu de craindre la destruction de l’identité locale, soit capable de créer de nouvelles synthèses culturelles. Comme elles sont belles les villes qui dépassent la méfiance malsaine et intègrent ceux qui sont différents, et qui font de cette intégration un nouveau facteur de développement ! [2] ».

Ensemble œuvrons à la tolérance et construisons, chacun et chacune, une société où il fait bon « Vivre ensemble » !

[1Crid : Centre de recherche et d’information pour le développement, coalition d’une cinquantaine d’associations de solidarité internationale.

[2Exhortation Joie de l’Évangile.

Article mis en ligne le 12 février 2015