Bombes et obus pleuvent sur Alep

Bombes et obus pleuvent sur Alep
En une semaine, les combats qui ont repris pour le contrôle de la ville d’Alep, entre le régime et les rebelles ont fait plus de 200 morts, dont une majorité de civils. L’ONU appelle les États-Unis et les Russes à prendre une « initiative » pour relancer la trêve.

La bataille d’Alep longtemps annoncée est-elle en train d’avoir lieu ? Jeudi 28 avril, le quotidien al-Watan, proche du pouvoir annonçait « il est temps de lancer la bataille pour la libération complète d’Alep ». Et depuis les bombardements et obus n’ont cessé de raisonner de part et d’autre de la ville divisée depuis 2012 en deux, l’ouest aux mains du régime et les quartiers est aux mains des rebelles.

Une clinique touchée
Les civils ne sont pas épargnés. Vendredi 29 avril, une clinique a été touchée par un bombardement dans la partie rebelle d’Alep, plus de 24 heures après des raids sur un hôpital qui a fait déjà des dizaines de morts.
« La terre est en train de trembler sous nos pieds », a témoigné un habitant du quartier populaire de Boustane al-Qasr, de nouveau pris pour cible par des raids intenses menés par l’armée de l’air du régime. « Les bombardements n’ont pas arrêté dans la nuit ; on n’a pas fermé l’œil », a-t-il précisé.
Même si les diplomates peinent à le reconnaître publiquement, la trêve est bel et bien terminée. Les combats violents secouent depuis une semaine la ville d’Alep et sa province enjeu stratégique et pour les rebelles et pour le régime. Plus de 200 civils ont péri depuis.
Les secouristes et les ambulanciers, débordés, s’activent de quartier en quartier. Le raid sur la clinique située à Marjé, un quartier de la partie est (tenue par les rebelles), a blessé plusieurs personnes, dont un infirmier, et fortement endommagé le bâtiment.
Prière annulée
Par peur de nouveaux bombardements, la prière du vendredi a été suspendue pour la première fois dans les quartiers rebelles, selon une instance religieuse.
Jeudi 28 avril ce sont au moins 32 civils, dont trois enfants, qui ont péri dans des frappes du régime, la majorité dans le bombardement de l’hôpital al-Qods. 22 autres, dont deux enfants, ont été tués par des tirs rebelles.
Les Nations unies ont jugé « inexcusable » l’attaque de cet hôpital, son patron Ban Ki-moon appelant à ce que « justice soit faite pour ces crimes ». Il a condamné les « récents bombardements aveugles par les forces gouvernementales et les groupes d’opposition, et des tactiques terroristes employées par des extrémistes ». Il a appelé tous les belligérants à « s’engager de nouveau immédiatement à cesser les hostilités ».
Les États-Unis scandalisés
Le régime de Bachar Al Assad a démenti avoir bombardé l’hôpital, le ministre de l’Information Omrane al-Zoabi affirmant même que l’établissement n’existait pas.
Les États-Unis se sont dits jeudi 28 au soir « scandalisé » par ces raids qui ont visiblement « visé délibérément un bâtiment médical connu » et « s’ajoutent au bilan édifiant du régime Assad qui s’en est déjà pris à de telles installations et à des secouristes », selon le secrétaire d’État John Kerry. Ils ont appelé jeudi Moscou à contenir le régime de son allié Bachar Al Assad.
Médecins sans frontières (MSF), qui soutenait l’hôpital, a condamné cet acte « révoltant ayant encore visé un centre de santé en Syrie ». Cet établissement était « le principal centre pédiatrique de la région », a précisé l’ONG. Le dernier pédiatre de la zone, Muhammad Waseem Moaz, 36 ans, a été tué lors de l’attaque de l’hôpital.
Désastre humanitaire
Russes et Américains vont-ils s’engager à faire stopper les combats alors que l’envoyé spécial des Nations unies, Staffan de Mistura appelle la Russie et les États-Unis, parrains de la trêve entrée en vigueur le 27 février, à prendre une « initiative urgente » pour la remettre en selle ?
Plus de 4,8 millions de Syriens ont fui leur pays, la plupart des femmes et des enfants et se sont réfugiés pour la plupart au Liban, Jordanie et Turquie.
Près de 10 % de Syriens ont trouvé refuge en Europe, leur arrivée semant les germes de la division sur quel pays doit en porter le fardeau. Et près de 6,5 millions de Syriens sont déplacés dans leur propre pays.
Agnès Rotivel